L'histoire :
Comment parler de ce qu’on ressent lorsqu’on a justement peur d’exprimer des mots à haute voix ? Comment déclarer sa flamme à une femme quand on ne sait pas lui dire « je t’aime » ? Et bien, on ne le fait pas, tout simplement. Alexandre de Moté a décidé de suivre le conseil que son père lui a donné enfant : « Tu sais, on n’est pas obligé d’exprimer ses sentiments avec des mots. Des fois, les dessiner, c’est bien aussi ». Il ne lui en fallait pas plus pour le rassurer. Depuis, il n’a plus lâché le crayon et le papier pour raconter sa vie. Il partage ainsi une double rupture amoureuse qui l’a poussé à faire un choix terrible entre une femme ou le dessin. L’évidence a été une révélation artistique...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les livres qui parlent d’amour ne manquent pas, c'est le moins qu'on puisse constater. Ce qui va les différencier les uns des autres, c’est le traitement graphique et l’angle du récit. Alexandre de Moté ne manque pas d’originalité dans la façon dont il parle d’un évènement de sa vie. L’histoire débute entre deux personnages qui discutent et qui veulent un cœur. Puis on passe à une ballade entre un père et son fils. Au passage, on aperçoit une représentation étrange de la Sagrada Familia. On retourne voir ce duo assez particulier à l’apparence folle et on repart dans un présent relatif avec le fils devenu grand. Il est face à une femme qu’il aime, mais elle ne veut plus de lui. Il a bien du mal à s’en remettre et quand elle revient à Bruxelles, il ressort avec elle. Lui vient alors des tourments qui vont d’un dessin assez identifiable et bien fait, à des gribouillis où les personnages ont des nez comme des points d’exclamation. On se perd dans l’imaginaire d’un dessinateur à l’univers très riche. Il est compréhensible lorsque le personnage féminin dit qu’elle n’aime pas comment il la représente. Parfois en femme, parfois en morte-vivante et parfois comme une... chose pas très descriptible. Assurément, cette BD n’est pas du tout grand-public. C’est peut-être aussi ce que cherche la maison d’édition Vide Cocagne avec sa collection Soudain. La collection se veut comme un espace contemporain ouvert aux récits intimes et personnels. Cet ouvrage rentre totalement dans le cadre. Le public en quête d’atypique ou d'étrange (avec une touche d’amour !) obtiendra son bonheur. En revanche, vous ne trouverez pas la solution à votre problème ici, si vous n’arrivez pas non plus à dire « Je t’aime ». Vous passerez néanmoins un moment de lecture inattendu...