L'histoire :
Dominique est un petit tapir noir des Sundarbans (Inde), dont la mère a eu la mauvaise idée d'accoucher (de lui) sur les ruines d'un ancien cimetière indien. A cause de cela, sa vie est promise à un long destin de peines et de douleurs. Car Dominique a une propension à attirer sur lui les pires catastrophes et fléaux. Il provoque également chez les prédateurs – au sens large – une irrésistible envie de lui ramoner le fondement – au sens large. Marqué par cette fatalité, il s'engage dans les commando des Navy Seals. Abusé quotidiennement par un sergent autoritaire et déviant, parachuté régulièrement en immersion dans des jungles hostiles aux mœurs sodomites, il finit par déserter. Il se perd dans la jungle, chope une sale fièvre et enfin, il est recueilli par un moine fou spécialiste de Kung-Fu. Ce dernier lui inculque quelques coups mortels et les principes de la sagesse universelle. Dominique s'exile ensuite au Tibet pour ressourcer son moi intérieur. Un bonze le récupère à moitié gelé dans les décombres d'une avalanche puis l'utilise au sein de sa léproserie en tant qu'encensoir et balais-brosse. Dominique s'échappe de cette condition en fichant le feu au monastère, ce qui lui vaut de devenir un héros aux yeux des chinois. Le régime reconnaissant lui offre le gîte au sein de la cité interdite...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette aventure proposée par Pixel Vengeur met en scène un héros insolite et décalé – un petit tapir noir ! – en proie à un long destin de calamités, tout aussi improbable. Un postulat de base est rapidement posé : Dominique le tapir est né pour morfler. Et paf. Commence alors pour lui une interminable collections de peines et de douleurs, par le biais d'engagements sur les terrains de la planète qui ont dernièrement posé quelques soucis environnementaux ou géopolitiques à l'humanité (catastrophes nucléaires, tsunamis, guérilleros, talibans...). Systématiquement, Dominique morfle, donc, puisque c'est le postulat. Mais en sus, il se fait toujours enfiler par (le) derrière ; et aussitôt cela fait, il transite vers un autre front. Pixel Vengeur enchaîne ainsi très vite son récit, de manière linéaire, sans jamais s'appesantir longtemps dans un contexte. La voix off rigolote et désabusée, via des encadrés narratifs, sert de principe narratif et de sel à ce petit bouquin souple. A chaque étape son bon mot, sa situation trasho-déjantée, sa référence culturelle détournée ou sa parodie de moments clés de l'Histoire (l'assassinat de Kennedy, la destruction des bouddhas afghans, la pollution d'Abidjan...). Sur le plan de l'intention, il ne faut pas chercher plus loin pour prendre son pied, si vous êtes amateurs de ce registre humoristique. Cependant, malgré sa démarche de vandale satirique, Pixel Vengeur dessine tout de même l'ensemble super bien. Les pérégrinations de Dominique s'accompagnent de décors variés et chiadés, ainsi que de tronches expressives et de protagonistes bidonnants (Oussama !). Bref, en matière de p'tite BD qui ne paye pas de mine, t'as pire.
