L'histoire :
Sylvain Mazas n’a toujours pas résolu le conflit, n’évoque plus le fait de trouver une femme, mais il est parvenu à avoir son diplôme… en présentant à son jury le tome 1 ! Après le Liban, il vit maintenant à Berlin, a monté un festival international de croquis, fait partie de l’OMP (l’Orchestre Miniature in the Park) et poursuit sa démarche autobiographique drolatique. En son sein, émergent de nouvelles interrogations : Qu’est-ce qu’être immigré ? D’où viennent les alphabets ? Qu’est-ce qu’appartenir à une nation ? Qu’est-ce que l’anarchie ? … Auxquelles Sylvain Mazas nous répond par les notions de barycentre, somme des angles d’un triangle, vecteurs, ou encore recette de pâte à crêpes, vidéo youtube®…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce livre…, sous couvert de récit autobiographique humoristique, aurait-t-il vocation à être un ouvrage pédagogique ? Sylvain Mazas initie son récit en se figurant au premier plan d’une présentation powerpoint, qu’il va finalement abandonner. Mais de quelle conférence sommes-nous donc le public ? Suivant la démarche humoristique du premier tome, l’auteur déploie toute une schématisation faisant de ses expériences de vie l’occasion de raisonnements scientifiques. Les décalages créés entre dessins géométriques de cahiers d’écoliers ou références prosaïques, et pensées sociopolitiques, nous font toujours bien sourire. La vidéo youtube – qui existe effectivement – d’un maître-nageur qui demande à tout le monde de sortir de la piscine pour y uriner allègrement et aux yeux de tous, sert ainsi d’amorce à une réflexion sur l’idée de nation… On en aime l’absurde et parfois la justesse. Sur le plan narratif et graphique, Sylvain Mazas s’accorde toute liberté : dans l’illusion d’un « work in progress », les méta-commentaires, les ratures sont drôles en ce qu’elles donnent au récit l’allure d’une parole immédiate, toute spontanée et distanciée à la fois. Il se permet enfin le luxe, dans un toujours juteux comique de décalage, de faire intervenir dans son exposé des « gens célèbres » listés en quatrième de couvertures, tels Steve Jobs, un Schtroumpf, Louis XIV, Angela Merkel… Tout ceci participe à rendre cette bande dessinée suffisamment légère pour qu’on en accepte la proposition et qu’on y prenne du plaisir. Mais petit à petit, le sourire s’estompe et un doute nous assaille : le discours se fait plus sérieux et à la fermeture du livre, on se demande simplement si Sylvain Mazas ne vient pas de nous faire ici un manifeste « anarchiste » aux arguments assez peu profonds, et qui ne serait en réalité que la mise en scène de ses propres interrogations quotidiennes sur les grandes questions du monde. Celles que l’on a tous. Avec toutes les précautions possibles de modestie – mise en scène du lecteur mécontent, autodérision – la conclusion de Ce livre… n’est-elle pas simplement que l’on devrait tous prendre le temps de changer le monde ? Certes…
