L'histoire :
En 2004, Alice a 18 ans. Elle est étudiante en arts appliquées et a plein de certitudes. Sa vie change petit à petit lorsque des troubles du sommeil apparaissent : elle a des coups de chaud et des démangeaisons soudaines. La jeune femme ne remarque rien, sauf une sorte de gros œuf situé sous sa peau à la base de son cou. Lorsqu’elle se rend à l’hôpital pour y effectuer des tests, elle maudit les fameuses blouses qui laissent apparaître une petite culotte pas forcément très classe. Le médecin qui lui fait son bilan utilise de nombreux termes compliqués. Parmi eux, elle n’en entend qu’un sur deux et comprend qu’elle a un cancer du système lymphatique, mais qu’il est curable. Alice décide alors d’appeler son crabe Jean-Pierre. Le dépistage a été fait au bon moment. A mesure que le traitement et les examens avancent, l’étudiante observe Jean-Pierre qui grossit. Elle, perd une taille de maillot. Elle est aussi sensible aux coups de soleil. Alice qui a toujours été très positive, subit progressivement les affres de la maladie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parler de maladie n’est jamais simple, surtout s'agissant d'une pathologie aussi tabou que le cancer. Certaines BD parviennent toutefois à s’emparer de cette thématique pour y apporter une réflexion inédite. L’année du crabe fait partie de cette catégorie d’albums autobiographiques servant de catharsis. L'auteur Alice Baguet raconte en effet ses déboires face à un cancer du système lymphatique, autrement dit des globules blancs. A la façon de La parenthèse d’Elodie Durand, l’auteure se met en scène de façon parfois amusante ou touchante. En donnant une présence physique à son cancer (un crabe évidemment !), elle joue en permanence avec lui. Cela établit une sorte de relation étrange entre l’auteure-héroïne et ce mal qui la ronge. L’une des grandes forces du récit est assurément de mettre en avant les réactions positives que l’on peut tirer de la maladie. De folles envies de manger des raviolis de marque Lustucru ou des compotes, la perte des cheveux, la drôle de routine (chimio, boulot, dodo). Alice Baguet n’hésite pas à tout dévoiler avec un ton léger et beaucoup d’humour. Les parties les plus difficiles (les douleurs) sont aussi évoquées, mais elles ont tout l’air d’avoir été éclipsées, comme si cela n’était que de vieux souvenirs. L’année du crabe est un ouvrage de bonne facture et optimiste sur un sujet grave.