L'histoire :
En se baladant dans la rue, Lutin Spirix aperçoit les frères Daploncxs qui traversent un passage piéton. Il croit tellement avoir la berlue, qu’il consulte son médecin, le professeur Champagnol. Ce dernier lui confirme pourtant que sur le plan morphologique, tout va bien. Aussi, profitant d’une partie de golf avec son ami le capitaine Obésio, Lutin réfléchit-il. Il comprend soudain : les Daplonxcs, Champagnol et lui-même portent tous la moustache et le chapeau ! Sans doute Champagnol a-t-il cru qu’ils faisaient partie de la même confrérie ?
En 2012 après Toutatis, les Strumpführers envahissent la Gaule et tuent toutes les femmes. Lutin Spirix et Obésio se réunissent dans leur saloon secret pour enrayer ce fléau. Lutin a une idée : et s’il les psychanalysait en masse ?
Lutin Spirix est choqué en arrivant dans la cour du château de Choupinard : des roms et leurs caravanes squattent partout ! Il se rue comme un taré dans le château pour prévenir le capitaine. Le signal de l’attaque est donné. Mais alors qu’ils castagnent les roms, Lutin trouve des documents qui lui font douter de leur réaction violente : la déclaration des droits de l’homme et du citoyen stipule que les hommes naissent libres et égaux en droits…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre mérite d’être décrypté et résume à lui seul l’intention parodique de B-Gnet, à travers ce recueil de 12 historiettes de 4 planches éditées à l’italienne. « Lutin Spirix » est en effet l’amalgame syllabique de Lucky Luke + Tintin + Spirou + Astérix. Dans un génie d’inspiration venu d’outre-espace, le jeune auteur lyonnais a en effet imaginé que ces quatre monstres incontournables du 9ème art franco-belge étaient descendants les uns des autres. Lui-même monstre, donc, mais selon un tout autre sens, ce héros improbable est toujours accompagné de son faire-valoir bedonnant et barbu, le Capitaine Obésio (ersatz d’Haddock et d’Obélix), du chien Ran-Pi-Ploux (mégamix de Rantanplan, de Spip, de Milou et d’Idéfix), il se repose sur la science du professeur Champagnol (Champignac + Tournesol + Panoramix) et lutte contre Zorgamopoulos, le Lunamarsupi et les méchants frères Daploncxs (là, on vous laisse trouver tout seuls comme des grands). Evidemment, ces aventures de guedin et de nombreuses situations sont largement dérivées de séquences de Tintin (surtout). Au final, ce serait presque trop facile si ça n’était pas si bidonnant. Car à grandes louches d’ellipses, au gré d’une narration qui file à 100 à l’heure, B-Gnet n’a pas son pareil pour imaginer des aventures absurdo-foutraques qui mènent Lutin, sa clique et ses clacs, au Tibet, dans des pyramides, sur la lune, à sonder les grands fonds des océans ou à éradiquer les horribles Strumführer. C’est com-plè-teu-ment con ! Mais con comme c’est pas possible. Con à en pleurer de rire ! Très sérieusement, B-Gnet fait assurément partie de la relève humoristique, la vraie verve comique du XXIème siècle, héritée des Boucq, Tronchet et Goosens, aux côtés de Bouzard, Fabcaro, Mo et Vivès. Bonus track : la dernière page montre une bibliographie d’albums parodiques et ersatziens, façon Dupuis de l’âge d’or, à se rouler par terre (une dernières fois).