L'histoire :
Le début d'année est catastrophique pour Grégoire, étudiant plutôt très cool qui va se faire couper les vivres par son père s'il ne réussit pas son année de licence. Une idée totalement saugrenue lui traverse alors l'esprit, que son meilleur ami Pierre va pourtant accepter. Ils vont chacun passer à la place de l'autre une épreuve qui va les avantager en fin d'année. Grégoire va remplacer Pierre en histoire de l'art, pendant que ce dernier va assurer pour son ami en géographie. Pour y parvenir, ils démarrent l'année dans leur matière respective sous le nom de l'autre, pour que le subterfuge tienne jusqu'aux partiels. Très vite, ils se prennent au jeu. La prof d'histoire de l'art est une superbe blonde aux yeux verts qui fait fantasmer Grégoire, autant qu'une belle brune aux strings aussi visibles que minimalistes. Pierre rencontre quant à lui, dès les premiers jours de géographie, une jeune fille rousse pour un coup de foudre immédiat. Tout s'annonce sous les meilleurs auspices, jusqu'à l'arrivée en cours d'histoire de l'art d'une tierce personne qui peut mettre tout le plan par terre. Grégoire la connait, il craint le pire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous le prétexte d'un stylo à quatre couleurs emprunté par Grégoire à une jeune fille sexy, mais un peu méprisante, Blaise Guinin construit un récit au graphisme minimaliste mais original. Jouant sans arrêt avec les rouge, vert, bleu et noir de son stylo, il enchaîne des chapitres monochromes à thème, allant des yeux de la prof de Grégoire à la trousse de l'étudiante en géographie. Son trait se réduit parfois à sa plus simple expression, de nombreuses cases étant garnies de hachures comme celle dont on remplit les marges de ses cahiers pendant un cours ennuyeux. La trop grande simplicité de son dessin rebute pendant quelques pages, jusqu'aux premiers échanges approfondis entre les deux amis, qui révèlent le cynisme réellement agaçant de l'un des deux protagonistes. L'album prend alors une tournure scénaristique plus marquée, développant autour de Grégoire une intrigue presque policière, lorsqu'on comprend qu'il risque de se faire dénoncer. On aimerait bien que ça arrive d'ailleurs. Et de fait, on oublie, ou plutôt on intègre les codes visuels de l'auteur pour dévorer les pages de ce petit format joliment cartonné, et découvrir que Guinin avait construit son récit de manière très méthodique. La dernière page tournée, on revient alors avec bonheur au début de cet album entièrement réalisé avec un stylo quatre couleurs, pour le relire avec un œil neuf.
