L'histoire :
Julien Revenu a grandi dans le « 93 ». En 2004, il est parti, a même « fui » selon ses mots, vers Strasbourg, pour faire une école d’art. En 2005, il a revu sa région natale à la télé, pendant les émeutes. Après son diplôme, il s’est installé dans le sud de la France et a dessiné pour la presse, a fait des reportages. En 2015, sa première fiction, Ligne B, lui a valu une proposition : une résidence artistique d’un an à Clichy-sous-Bois. Terrorisé, il a tout de même accepté. D’emblée, il se confronte au problème des transports : 1h25 pour faire les 17 km qui séparent la gare de Lyon de Clichy. Julien ne reconnait pas « sa » banlieue, qui s’est modifiée. Mais sa phobie des transports en commun est toujours là, comme ses souvenirs d’agressions quand il était jeune. Revenir est pour lui un grand défi. Mais lorsqu’il arrive aux Ateliers Médicis Clichy Montfermeil, il est dans son élément : un endroit lumineux où les gens sont brillants. Les artistes dissertent et Julien se sent un peu illégitime… mais le projet est beau, et Julien se prend au jeu.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Julien Revenu est un artiste engagé. L’auteur de Ligne B est immergé dans l’actu. Habitué des dessins de presse, il est aussi soutien d’associations comme RESF et Romeurope. Il effectue des reportages au cœur de la souffrance, de la ségrégation et de la misère. Quand on lui a proposé cette résidence d’artistes, il venait de terminer sa première fiction, Ligne B donc, basée sur des faits autobiographiques comme les agressions. Et sa prochaine, Ligne Défensive, est sur les rails. Elle parlera d’engagement écologique… Dans Barres et Pavillons, Revenu s’évertue à montrer ce que l’on ne voit jamais aux Informations : la débrouille, l’entraide, l’intelligence collective, les efforts pour créer à petit niveau un monde meilleur, comme les jardins partagés ou les AMAP entre les tours… Son trait épais et rond donne le ton de chroniques bienveillantes, enveloppantes. Revenu montre au lecteur la beauté de l’être humain qui essaie de tirer le meilleur de la merde. Le choix d’une bichromie en vert et marron, couleurs de la nature, accompagne de manière tendrement métaphorique ce récit doux et optimiste, joliment conclu par un dossier documentaire de quelques pages. Une BD pour aller plus que les préjugés, pour avoir envie de changer la vie au quotidien.
