L'histoire :
Dans un avenir sombre, la terre rebaptisée « Libera », n’est plus qu’un gigantesque dépotoir, rongé par la radioactivité et la vermine. Dans cet environnement gris où de rares vestiges érodés de la civilisation passée sont baignés de pluies acides, survivent une poignée d’êtres mutants, dotés de faibles facultés intellectuelles. Trois de ces créatures ont libéré d’une capsule spatiale un petit garçon, presque normal mais protégé par un cocon de survie, qu’ils ont baptisé « Ti Môm ». Les mutants l’ont adopté en raison des jolis hologrammes que celui-ci est capable de projeter. Ils établissent même une sorte de commerce avec leurs congénères : la possibilité de voir les « belzimaj » contre de la nourriture. C’est alors qu’Asia Cobalta débarque sur Libera. Asia est la fille de la caste dirigeante sur Danubia, un satellite artificiel proche, où l’homme a continué de se développer sous la régie de Memomater, une IA (intelligence artificielle) surpuissante. Asia vient en effet d’apprendre que son père, aveuglé par son ambition politique, a rejeté jadis sur Libera un fils génétiquement impur. Et tandis qu’un coup d’état se fomente sur Danubia, Gran Môm, comme l’ont baptisée les mutants, retrouve son petit frère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le second volet de cette fiction futuriste abominable poursuit ses développements dans la continuité de sa mise en bouche prometteuse. D’une part, on suit la quête d’Asia à la surface putride de Libera, où une lueur d’espoir semble renaître à travers les progrès « humanitaires » de mutants vaguement anthropomorphiques. D’autre part, on assiste aux controverses politico-familiales au sein des castes soi-disant civilisées de Danubia, qui elles, offrent un éclairage nettement plus pessimiste quant à la sagesse de l’homme de demain. Car en dépit des avancées technologiques, malgré l’assistante informatique d’une IA qui rappelle les déesses de la mythologie, l’homme reste fidèle à sa nature : corrompu par les sirènes du pouvoir. Sur une ligne réaliste peaufinée, avec beaucoup d’imagination et d’application, le dessinateur Sylvio Cadelo alterne ainsi la mise en relief de deux ambiances antinomiques. Si la planète Libera fait penser à Septentryon, Danubia laisse planer des effluves de Cycle de Cyann (notamment via Asia). A travers Libera, Pierre Boisserie donne donc à voir un futur fort peu glorieux et scénarise sans doute sa série la moins consensuelle et la plus intéressante. Après tout, il s’agit d’une extrapolation amplifiée de l’homme d’aujourd’hui et de son inébranlable sabordage programmé…