L'histoire :
Alors que le pilote de chasse Hans Raeder affrontait un bombardier américain, un éclair traversa simultanément les deux avions. S'ensuivit un phénomène paranormal qui fit que l'esprit de chaque pilote allait s'incarner dans le corps de l'autre. Le cours des évènements amène Hans, prisonnier dans le corps de James, à être affecté dans le Pacifique. Si les américains sont en train d'en reprendre le contrôle, l'allemand se doit de dissimuler sa réelle personnalité car il ne pense qu'à une seule chose : pouvoir rejoindre sa patrie. Pourtant, il est effrayé à l'idée de ne plus se retrouver lui-même, de ne plus être un héros de guerre du Reich. Descendu au-dessus d'une île, il s'en tire miraculeusement en arrivant à s'extraire de son cockpit. Son atterrissage en parachute est rude. Blessé, il est recueilli par la tribu d'autochtones qui vit paisiblement sur un îlot. Leur shaman met toute sa science à profit pour retaper le bonhomme et plusieurs semaines après, voici un navire qui arraisonne et sur lequel il va pouvoir embarquer à destination de Nouméa. L'Allemagne est encore loin et Hans commence à avoir des réactions qui le surprennent. Son caractère serait-il en train de changer ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En ayant l'idée singulière de switcher les personnalités de deux pilotes, un allemand et un américain, Patrice Buendia propose une double série sacrément originale et bien ficelée. Adler est donc centrée sur le destin de Hans, qui vit dans la peau de James, quand Eagle/ relate le parcours de James, qui vit dans le corps de Hans, vous l'avez compris. On retrouve donc ici le nazi, qui l'est jusqu'au bout des ongles, empêtré dans son identité de soldat allié et qui n'a qu'une chose en tête : rejoindre le Reich et son régime qui prône la race supérieure. Côté psychologie, ce personnage colle parfaitement à l'archétype du parfait monstre nazi. Et là où cela devient intéressant, c'est que la permutation des corps et des esprits semble le déstabiliser, car il est parfois envahi de « flashs » durant lesquels il ressent les émotions qui caractérisent l'américain. Le scénariste joue très habilement cette forme de schizophrénie, ou cette double personnalité, qui pointe de temps à autres dans le crâne de ce nazillon mauvais comme la teigne. Comme depuis le début de la série, l'action n'est pas en reste. Ça, c'est le domaine de Damien Andrieu, qui fait un super boulot (dessin et couleurs). Du Pacifique à une Berlin aux abois, l'artiste nous fait voyager. De la mer aux nuages, le lecteur en prend aussi pour son grade et surtout plein les yeux, pour son plus grand plaisir. La tension monte encore d'un ton à la fin du volume, car le pilote de la Luftwaffe est désormais affecté en Normandie. Ne reste plus qu'à attendre la conclusion de cette série jumelle et considérer que le jour de parution du dernier volume à venir sera son D-day !