L'histoire :
Hans Raeder a enfin récupéré son corps. Mais sa vie n'en reste pas moins liée à celle du pilote américain James O'Brady. Après que leur avion a été frappé par la foudre lors d'un dogfight, leur âme a été transportée dans le corps de l'autre. La malédiction est désormais rompue, mais les deux se sentent inexplicablement liés. Ce n'est plus tellement le sort du Reich qui est en jeu, mais avant tout celui de l'as de la Luft, surnommé Adler. Pour l'allemand, l'américain est venu lui voler une partie de sa vie et notamment Esther. Le seul choix qu'il lui reste est désormais d'éliminer purement et simplement son alter ego américain. Le sort va se jouer au-dessus d'une petite campagne. Le Focke-Wulf piloté par Hans fonce droit vers le cocher de l'église dans laquelle l'américain s'est réfugié. L'avion frôle la toiture, mais l'impensable se produit et il percute de l'aile. Adler arrive cependant à atterrir en urgence dans un champ et à s'extraire de la carcasse de son cockpit. La confrontation finale va avoir lieu, les coups de feu éclatent alors que la silhouette de l'américain se dessine dans la brume qui tombe autour d'eux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce dernier tome d' Adler : L'Aigle a deux têtes clôt une double série et c'est un sacré run qui s'achève, côté allemand. Patrice Buendia boucle le destin de l'allemand en bon dramaturge. La tension de l'album repose toute entière sur la psychologie de cet allemand aussi fou que le régime d'Hitler qu'il sert. La dramaturgie est au centre de la narration et la folie du l'as de la Luft épouse totalement celle du régime nazi qui est en train de s'écrouler. C'est un album très noir, finalement, qui achève la série et qui finit de compléter un portrait inquiétant de ce pilote allemand. L'homme est abject, mais le pilote est totalement désabusé quand il doit prendre le leadership de gamins de parfois moins de 20 ans envoyés remplacer les pertes quotidiennes. Lui est un pilote chevronné et malgré son expérience, il ne pourra pas les sauver éternellement des raids contre les bombardiers et leur escorte de P51 Mustang. L'autre ressort narratif de l'album repose sur l'histoire d'amour qui unit et sépare à la fois le destin du pilote allemand à celui d'O'Brady, autour d'Esther, la femme juive que l'un a possédée et l'autre, aimée qui vient aussi faire pivot dans la conclusion de cette saga écrite en miroir avec Eagle. Côté dessins, le grand format profite à la mise en page impeccable de Damien Andrieu, qui en profite pour soigner décors et portraits auxquels il apporte ses propres couleurs. Les scènes de combats aériens sont de toute beauté. Une conclusion réussie pour une série au concept unique, qui plaira vraiment aux fans de récits de guerre.