L'histoire :
Mars 1951, au beau milieu de l'Atlantique Nord, à bord d'un Old Snacky, c'est à dire un C-124 Globemaster II du Strategic Air Command, le Commandant Shepard laisse les commandes au second pilote pour aller se dégourdir les jambes. Il va aussi briefer son Général : dans 2 heures, ils arriveront à Shannon, l'aéroport irlandais créé spécialement pour les vols transatlantiques. Soudain, un incendie se déclenche à l'arrière de l'appareil ! La seule solution raisonnable en pareil cas est de se poser le plus vite possible, c'est à dire d’amerrir. Heureusement, la météo est clémente et la mer plutôt calme. Le pilote effectue une manœuvre impeccable, les canots sont gonflés et déployés et aucune victime n'est à déplorer. Deux heures plus tard, les 50 personnes réparties sur les 5 canots sont repérées par un B-17 de l'US Air Force, qui ne peut pas rester sur zone faute de carburant suffisant. Mais le signalement est transmis et il ne faudra pas plus de deux heures de plus pour repêcher tout le monde. Hélas, tous disparaîtront corps et âmes, sans qu'aucune explication rationnelle ne puisse être trouvée. Huit ans plus tard, en pleine guerre froide, la CIA met la main sur des clichés sur lesquels on reconnaît Montgommery, un ingénieur nucléaire qui faisait partie de l'équipage du C-124 disparu en mer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prenez un fait historique réel – la disparition en mer d'un équipage entier de militaires américains, quand bien même leurs canots de sauvetage avaient été clairement repérés. Choisissez de reprendre le contexte de la guerre froide, du temps où Kroutchev et Eisenhower se regardaient d'un œil toujours inquiétant, et auquel se reflétait la menace nucléaire. Prenez un avion légendaire, à savoir le F-108 Rapier et inventez-lui une vie qu'il n'a jamais eue. Vous avez là tous les ingrédients qui font un bon Buck Danyy. Fred Zumbiehl et Fred Marniquet ne s'y sont pas trompés, en signant un scénario fluide et limpide qui laisse la part belle à l'action. Du tout bon, où opérations militaires de haute envergure côtoient affaires top secret de contrespionnage. Volume après volume, cette collection Classic démontre toute sa qualité et mérite amplement d'être considérée comme l'héritage Vintage de la série originale. Le plus pour les aérofans, c'est la présence du F-108 Rapier qui, en réalité, est un avion dont la vie s'est arrêtée à son projet. Pas même un prototype n'a été réalisé, les crédits gouvernementaux n'ayant permis que la construction d'une maquette. Donc voir cette immense aile Delta mener une opération de survol des Soviets digne d'un U2, mais à Mach 3, c'est particulièrement savoureux. Une mention spéciale, une fois de plus, à André Lebras et aux deux coloristes, Ketty Formaggio et Valeria Romanazzi. Le dessin vous replonge en effet dans le style des années dorées du Franco-Belge, à la façon du grand Victor Hubinon. Un régal pour cette première partie de diptyque !
