L'histoire :
Octobre 1961, Base 256 de Poberez'ye, URSS. Le 3ème prototype du Tsybin R-020 reçoit les dernières vérifications avant de s'aligner sur la piste. La pression sur les deux ingénieurs-concepteurs de l'avion et sur le pilote d'essai est énorme, car les deux jets précédents ont été pulvérisés en plein vol. Kroutchev a été très clair : en cas de nouvel échec, les recherches cesseront et une autre firme sera chargée de développer un chasseur bombardier capable de larguer des bombes nucléaires en croisant à Mach 3 à plus de 15 000 mètres... Mais le vol vire une nouvelle fois à la catastrophe : quand le pilote pousse les stratoréacteurs, l'appareil se met à vibrer. Il demande à pouvoir s'éjecter, mais on lui refuse. L'enregistrement du vol ne contient pas encore de données suffisantes pour être exploitées. Quelques seconde plus tard, l'engin explose, formant une boule de feu dans le ciel...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une fois n'est pas coutume, Frédéric Zumbiehl et Frédéric Marniquet plongent nos officiers de la navale dans une intrigue qui les éloigne des appontages, mais qui les ancre un peu plus dans le contexte géopolitique de l'époque. Il est probable que Jean-Michel Charlier, dans ce début des années 60, n'aurait pas pu écrire une telle aventure sans risquer les foudres d'une censure qui lui était déjà tombée dessus. Car une virée à Berlin, du temps du mur, de cette Allemagne séparée en RFA et RDA, ça a de la gueule. Ce volume s'illustre donc par son genre, clairement espionnage. Buck et ses amis vont ainsi quitter le Saratoga pour être affectés à Ramstein, pour aller prêter main-forte au 151st FIS, les violations de l'espace aérien se multipliant de la part des chasseurs popovs. Et comme l'illustre si bien la couverture, Sonny va se retrouver shooté à l'Est ! Mais ce qui est remarquable dans cet album, c'est que ça ne s’arrête pas là. Avec d’incessants rebondissements, le récit transmet très bien l'ambiance paranoïaque des années du rideau de Fer : la Baie des cochons, le U2 shooté par les soviétiques, ces faits réels sont même cités par les personnages. Voici donc nos héros lancés dans une mission commando que James Bond n'aurait pas reniée ! Jean-Michel Arroyo continue à proposer une charte graphique hommage à Vic' Hubinon. Son dessin élégant est bien mis en valeur par les couleurs de Ketty Formaggio. Un volume qui lance idéalement cette nouvelle aventure de la collection Classic.