L'histoire :
Aérodrome de Miami Homestead, Floride. Un petit avion de tourisme vient d'obtenir sa clearance pour l’atterrissage. Il entame le dernier virage pour s'aligner au dessus de la piste quand un biplan d'acrobatie coupe sa trajectoire et lui grille la politesse. Un cas d'urgence dû à une perte de pression d'huile. Le premier avion est bon pour remettre les gaz, mais son pilote, Lucie, surnommée aussi « La Comtesse », aussitôt posée, se dirige d'un pas ferme vers le hangar qui abrite désormais l'avion qui lui a coupé la route. La jeune femme est passablement énervée et elle compte bien rappeler les règles de la courtoisie, accessoirement de la sécurité, au gars qui a déjà les mains dans le cambouis du moteur. Lui, c'est Duck et il reçoit les reproches que la Comtesse lui adresse de façon plutôt détachée. On dirait même que l'agacement de cette charmante femme l'amuse. Un agacement accentué par le fait qu'il considère ne lui devoir aucune excuse. Malgré cela, les deux se quittent en bon terme puisque la Comtesse lui tourne le dos et lui adresse un signe amical à base de majeur dressé. Tout cela serait anecdotique si tous deux n'allaient pas être réunis dès le lendemain, autour d'un gros investisseur qui va leur demander de s'associer pour mener à bien une expérience aux enjeux aériens particulièrement importants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les lecteurs aérofans ne comptent plus les albums qui font leur bonheur et qui sont signés Patrick Buendia et Fredéric Zumbiehl. Et si on vous dit que les deux travaillent ensemble sur Tanguy et Laverdure, la messe est dite et la check list déroulée. Voici donc à nouveau les deux scénaristes associés pour cette série qui met en avant un tandem fait d'une scientifique un peu froide et d'un pilote fougueux. Lucie Delosnier est ce qu'on appelle une « grosse tête », une balèze en maths, qui est persuadée qu'elle et son bras droit informaticien vont réussir mettre au point une technologie capable d'ioniser l'air autour d'un aéronef, pour en augmenter la vitesse. Leur objectif est de pouvoir réaliser le premier vol MHD habité. Un vol hypersonique à une vitesse que, jusque-là, seuls les missiles peuvent atteindre grâce à la Magnetodynamique. Duncan Ainsworth, dit Dunk, est quant à lui un pilote doué, mais son caractère un peu trop entier lui a joué des tours. Alors, le tandem est réuni par un millionnaire qui finance les travaux et surtout leur phase opérationnelle, en ayant loué un F18 à la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency). Comme toujours, ce genre d'aventures mélange habilement des éléments de la réalité, comme cette technologie que les russes ont développé pour des missiles tellement rapides qu'ils sont quasiment impossibles à intercepter, et des éléments d'extrapolation. Et pour ce qui est de l'imaginaire, on va être servi car c'est un voyage dans le temps que Lucie et Dunk vont accomplir, pour se retrouver en France en pleine Première Guerre Mondiale. Le scénario, un peu cousin du film Nimitz, retour vers l'Enfer, s'avère particulièrement rythmé. Le spectacle est assuré par un Olivier Jolivet (Team Rafale) en grande forme. Ses personnages sont élégants, ses décors travaillés et bien sûr, les scènes de vol de toute beauté, grâce aussi aux couleurs de Nicolas Caniaux. Un premier tome vraiment réussi, qui donne envie de connaître la suite.