L'histoire :
En janvier 1962, une symphonie est donnée à l’opéra de Leningrad, devant un public guindé venu en nombre. Soudain, un coup de feu retentit. Un officier vient de neutraliser un terroriste qui s’apprêtait à commettre un crime. L’homme est aussitôt conduit au commissariat, pour interrogatoire. Devant le supérieur, il dit s’appeler Vasili Chapayev, tout comme le héros de la révolution bolchevik de 1919 ! Ça n’est évidemment pas son vrai nom. Alors l’interrogatoire se muscle. L’homme se met ensuite à raconter son enfance. En juillet 1941, il est un adolescent prénommé Pyotr. Avec sa bande, il rejoue régulièrement dans une prairie la guerre entre la « vermine » communiste et les troupes de Tsar Romanov. Ils sont quatre super copains : lui, Maxime, Anka et Grygori. Malgré le régime soviétique répressif de Staline, Pyotr rêve alors de devenir dessinateur de BD, comme l’artiste américain qui fait Tarzan. Ces années sont celles de l’insouciance, durant lesquelles les enfants prennent des risques inconsidérées. Comme la fois où ils plongent dans une rivière depuis un pont trop haut, juste avant qu’un train déboule… Mais ces années sont aussi celle des bombardements allemands sur Leningrad. Lors d’une débâcle, au moment de l’embrasement de la gare centrale, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes en pleine campagne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans les Souris de Leningrad, quatre adolescents habitants de Leningrad sont confrontés à l’horreur de la seconde guerre mondiale et, pire encore, à la criminelle répression aveugle du régime soviétique. Ils sont un peu le pendant russe des excellents Enfants de la Résistance, mais sous la bannière des éditions Zephyr, et animés par deux auteurs maisons flamants : Jean-Claude Van Rijckeghem (au scénar) et Thomas du Caju (au dessin). Le récit du premier est certes documenté, il n’arrive cependant pas vraiment à rendre les personnages attachants et le souffle épique transcendant. On suit leur destin tourmenté selon une mise en scène cahin-caha, entre clichés et séquences attendues. La sadique répression soviétique et les incessants bombardements ennemis sont entrecoupés par une légère romance, qui apporte un peu d’espoir dans cette époque de brutes. Au dessin, du Caju déroule sa griffe réaliste encrée et proprette. Agréable et précise dans les postures, les proportions et les décors (le bombardement de la gare de Léningrad, les vues sur les toits, les véhicules…), elle a plus de mal à rendre le mouvement… mouvant (ex : la gifle très statique p.40). Bien que l’album ne comporte aucune numérotation, un tome 2 est forcément à venir pour boucler l’intrigue débutée.
