L'histoire :
À l’entrée de la forêt de Marbache, paisible village à vingt minutes de la capitale des ducs de Lorraine, un chasseur a dans sa ligne de mire un cerf majestueux. Alors qu’il est sur le point d’ajuster sa cible, deux mirages de l’armée de l’air en exercice de vol à faible altitude, font fuir le superbe animal. C’en est trop, ces zigs de l’armée vont se faire remonter les bretelles par l’amicale locale des chasseurs. Fâché par cet incident, l’homme prend le sentier pour retourner à son véhicule. Sur le chemin, il aperçoit une estafette de la Gendarmerie stationnée, moteur allumé, fenêtres obstruées et un tube reliant le pot d’échappement à l’habitacle. Le chasseur pense immédiatement à un suicide. Mais lorsqu’il ouvre le coffre, c’est la stupeur. Horrifié, il se dirige rapidement vers la Gendarmerie la plus proche pour chercher de l’aide. Arrivés sur les lieux, les gendarmes ne peuvent que constater la mort de la jeune femme. La mise en scène est glaçante, d’autant qu’elle est bien connue : elle est signée du Loup de Nancy. Le problème, c’est que le meurtrier a été tué par le capitaine Kratt il y a onze ans, après une traque éprouvante de plus deux ans. Évidemment, le corps du criminel n’a jamais été retrouvé, car il a chuté dans la Moselle après avoir reçu quatre balles, dont une à la gorge. C’est impossible. Tout comme l’implication d’un imitateur, étant donné que de trop nombreux indices non divulgués à la presse à l’époque sont présents. Le capitaine Kratt de la section de recherche de la Gendarmerie de l’Air revient à Nancy reprendre la traque du meurtrier qu’il pensait terminée onze ans plus tôt...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série Section de recherches présente quelques une des multiples missions de la Gendarmerie Nationale. En affectant le personnage principal à la section recherches de la Gendarmerie de l’Air, les auteurs mettent un coup de projecteur sur une des responsabilités de la Gendarmerie peu connue. Emmanuel Herzet, le scénariste, propose un récit principal rythmé autour d’un tueur en série censé avoir été éliminé il y a onze ans. La trame scénaristique est dynamique et empreinte de quelques péripéties intéressantes. Sans réinventer le genre, le scénario est captivant, la mécanique ainsi que l’enchaînement des évènements sont fluides et l’histoire tient en haleine. L’ajout du récit secondaire est ici pertinent, car il permet d’introduire un personnage secondaire qui prend de l’envergure au fil du récit. Difficile de deviner son implication ainsi que la suite du récit, en raison du caractère et la psychologie du personnage principal, dans le second et dernier tome de ce diptyque. L’environnement graphique est confié à l’Argentin Gerardo Balsa qui, de son trait réaliste, est très à l’aise sur terre et dans les airs. Les cases sont fort détaillées, comme les premières planches, avec la traque du cerf où ce dernier est superbement représenté. De même pour les mirages 2000 qui sont superbes, mais malheureusement pas assez présents dans la narration pour les mettre plus en valeur. De plus, les personnages sont détaillés et il est facile de « lire » les émotions sur les visages, ce qui est non négligeable quand l’aspect psychologique revêt une importance dans le récit. Le découpage des planches est moderne avec de belles doubles pages et des vignettes superposées ou encore des objets qui sortent des cases, apportant un certain dynamisme au dessin. Ainsi, les auteurs réussissent à mettre en scène les militaires de la Gendarmerie Nationale dans un polar haletant à la recherche d’un tueur en série malin et au sommet de sa confiance.