L'histoire :
Nubero est sur le pont d'un bateau. Il enfile des vers sur des hameçons. Son nom, d'ailleurs, signifie hameçon. Il a lu que les scientifiques avaient fait le lien entre les systèmes nerveux des vers et des Hommes : conçus pour chercher de la nourriture ou des partenaires, comprendre le danger et ressentir des émotions. En réalisant cette tâche sur le bateau, il se fait rappeler à l'ordre par les adultes : il cherche toujours à en faire trop. En plus, personne ne lui a demandé de venir. Son Pépé est épuisé car il ne prend pas sa vie en main. Nubero est songeur face à la mer, il est revenu sur la terre ferme. Il enlève ses lunettes, au moment où une vague gigantesque, un tsunami, s'abat sur la ville. Le jeune garçon est englouti par les eaux... Lorsqu'il revient à lui, il est sur une plage, la mer est tout autour de lui. Et deux personnes sont venues voir son corps. Elles sont soulagées lorsqu'elles constatent qu'il est en vie. Ils se présentent : ils s'appellent Izma et Lucio. Nubero sort ses lunettes de sa pochette. Il a pu les conserver, contrairement à ses nouveaux camarades qui ont tout perdu dans le tsunami. Soudain, en face d'eux, une figure humanoïde gigantesque, constituée d'eau, se lève dans la mer, ouvre ses mains et déverse une quantité impressionnante de poissons. Les jeunes gens se dépêchent, ils doivent se mettre à l'abri. Izma court et tient par la main Nubero. Mais d'un coup, elle ne sent plus rien. Lorsqu'elle se retourne, les habits du garçon sont à terre, il a disparu, il s'est volatilisé. Des phénomènes complètement inconcevables pour la compréhension humaine commencent à se produire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Anzuelo est le nouveau roman graphique d'Emma Rios, autrice de Pretty Deadly et de Mirror. Cette œuvre est dense, complexe, et surtout, si on tente de l'aborder par le prisme de la raison, on passe à côté. Mais comment réussir à se détacher complètement de cette raison, qui nous façonne depuis le plus jeune âge ? C'est très difficile. On comprend au fil des pages qu'il faut accepter de ne pas tout saisir, de se laisser emporter dans ce tourbillon de cases qui se succèdent, raccrocher les wagons de temps à autre et laisser le cœur saisir les messages. De jeunes protagonistes se retrouvent livrés à eux-mêmes après un tsunami. Ils doivent survivre et cohabiter en bord de mer. Or progressivement, des changements physiques et mentaux les transforment. Ils se sont fait une promesse : ne jamais nuire à une créature vivante. Mais alors, comment s'adapter ? Comment subvenir aux besoins alimentaires, dans ces lieux où jadis ils trouvaient de la nourriture à foison sans jamais se demander d'où elle provenait ? L'autrice développe la thématique des profondeurs, de la mer et de ses mystères insondables, à travers un récit nébuleux, poétique, lui-aussi en mutation permanente. Les illustrations sont réalisées à l'aquarelle et offrent de belles planches au lecteur. Toutefois, les dessins ne sont pas toujours lisibles et laissent l'imaginaire prendre le dessus. On saisit des formes, des contrastes, mais on ne distingue pas toujours clairement les personnages et leurs actions. Cet ouvrage atypique en déstabilisera certainement plus d'un.