L'histoire :
Une fois de plus, Kat Somerville est convoquée dans le bureau de la proviseure du collège où étudie sa fille. Une fois de plus, Sybil s’est battue et ça ne peut plus durer. Au grand dam de la proviseure, Kat n’enguirlande pas du tout Sybil. Elle est, au contraire, fière d’elle. Fière que sa fille ait un tempérament de battante, et qu’elle n’hésite pas à rentrer dans le lard de tous les cons de la Terre. D’ailleurs, Kat cache sous ses lunettes de soleil son propre œil au beurre noir. En sortant de là, la mère et la fille prennent un bus pour effectuer un conséquent voyage vers Comfort Notch, où « on trouve le plus bel automne de toute l’Amérique ». C’est là qu’elles doivent assister à l’enterrement de Trudy, de son vrai prénom Gertrude, la mère de Kat (et grand-mère de Sybil). A vrai dire, elles ne sont guère affectées. Elles se seraient bien passées de ce voyage, s’il n’y avait la maison dont elles ont hérité à récurer… et à s’approprier. Sur place, elles découvrent un patelin aux arbres rougeoyants : c’est effectivement bien l’automne. Tant bien que mal, car la mauvaise réputation de Trudy ne laisse personne indifférent, elles se font indiquer le chemin du funérarium. Personne n’a laissé de photo d’elle sur place. Le livre d’or est vierge. Tudy n’était visiblement guère sociable non plus. Pendant que Sybil joue avec d’autres enfants à l’extérieur de l’église, Kat ouvre le cercueil pour voir une dernière fois sa mère. Ce qu’elle découvre à l’intérieur la stupéfait.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La saison des feuilles mortes, qui tombent et se transforment en humus avec l’aide de tout un tas de bestioles grouillantes, coïncide magiquement avec celle de la Toussaint ou d’Halloween… Bref, la période morbide idéale pour un récit horrifique. C’est ce que proposent Daniel Kraus (au scénario) et Chris Shehan (au dessin) à travers ce comics en 8 fascicules réunis dans une prestigieuse et géante édition par 404 Graphic. Les auteurs prennent le temps d’installer les personnages, le contexte et surtout, l’ambiance automnale ultra prégnante, avec l’omniprésence de la couleur orange/rouge à travers la ramure des arbres et leurs feuilles obsédantes. Hélas, si les intentions sont bonnes et cohérentes, la psychologie des personnages est caricaturale et laborieuse… et l’intrigue morbide n’est pas franchement originale non plus. Tout est archi déjà vu, pas très subtil et un peu lourd, tant au niveau de la direction de l’intrigue que des dialogues pesants et souvent superfétatoires. Les amateurs d’épouvante étancheront leur plaisir via les choix artistiques, les effets variés, les cadrages souvent intéressants… un peu moins avec l’expressivité fade des personnages. Les amateurs de beaux livres peuvent aussi être conquis par cette belle édition à lire en dégustant une poêlée de châtaignes ou de cèpes.