L'histoire :
« Toutes les histoires ont fondamentalement besoin d’un vilain ». Jérusalem, Le soir du dernier repas du Christ. Judas sait qu’il va trahir son maître. Il partage le repas avec lui, et va le vendre auprès des grands prêtres, contre 30 deniers. Cela est connu et fait le lui le traître ultime ; celui qui ne pourrait trouver le pardon, et encore moins le paradis. C’est ainsi qu’il décide de se pendre, est envoyé en enfer, et qu’il va, on s’en doute, subir sa plus dure passion. Cela s’annonce en effet plutôt mal. Lucifer va cependant lui présenter une toute autre issue et le faire rencontrer à nouveau le messie. Car lui a une toute autre vision du Christ. Et si Judas n’avait pas dit son dernier mot ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Dernier jour de Howard Phillips Lovecraft a révélé le dessinateur Jakub Rebelka au grand public français et un album brillant, au moins dans sa conception graphique. Autant dire que l'album suivant était attendu. Et quelle beauté ! Nicolas Baujouan, éditeur, nous a habitué à de superbes réalisations chez 404 Graphic. Mais chaque nouveau titre surprend et ravi. « S'il n'avait été publié en l'an 2019 aux États-Unis par Boom studios, ce codex séquentiel aurait pu être découvert à Nag Hammadi en 1945 ». Cette référence dans la page de crédits s'adresse évidemment aux 12 codex retrouvés à l’époque, dont l’Évangile selon Thomas. Il replace, avant l'entrée en matière, l'album dans l'Histoire biblique. La citation de Mathieu, 26:24, rajoute au crédit. Puis l'histoire débute, rappelant les faits du dernier soir du Christ à Jérusalem : une vingtaine de pages, déjà sublimes, dans des tons bleus-verts et prune, uniquement accompagnées de récitatifs. Les dialogues arrivant lorsque Judas lui-même est interpellé en enfer. Si l'on est subjugué par les magnifiques planches et couleurs de Jakub Rebelka, il faut aussi reconnaître un sacré talent à Jeff Loveness (Apparition dans le ciel de Berlin Est) pour avoir su retranscrire un passage peu documenté et pourtant tiré du Crédo des apôtres : (Jésus) « a été crucifié, est mort et a été enseveli. Il est descendu aux enfers et il est ressuscité » et n'ayant été que peu ou pas traité auparavant en bande dessinée. Les amateurs du comics Hellboy aux enfers pourront ressentir un petit air de souffre familier. Ceux de la série Morning Star ou Sandman aussi, car Lucifer porte haut et présente bien. Judas nous accueille à bras ouvert, et ça, on ne l'avait pas vu venir. Un bijou, et un message universel... à suivre !