L'histoire :
Années 1920. Un patient s'est échappé de la cellule dans laquelle il était gardé pour raisons psychiatriques. L'évasion paraît irréelle, le patient semble s'être comme volatilisé. Il se nommait Charles Dexter Ward. Interrogé, le docteur Willett qui le suivait, sait ce qu'il lui est arrivé ; mais il sait aussi que nul ne le croira. Tout commença quelques temps auparavant, lorsque le père du garçon, inquiet, avait demandé à son ami et docteur de rencontrer son fils atteint de possible folie. Le jeune homme s'était passionné pour l'histoire de son ancêtre Joseph Curwen. Il semble que ce dernier ait vécu plus de cent ans au XVIIe et XVIIIe siècles. On le disait alchimiste, on le craignait, on l'évitait comme la mort. Ce marchand d'esclave avait la réputation de fricoter trop souvent du côté des cimetières. Portrait caché de son aïeul, Charles a pu le vérifier grâce à un portrait sur un tableau retrouvé. Des documents y était dissimulés, des textes énigmatiques expliquant – peut-être – l'extraordinaire « longévité » du sulfureux Curwen...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'Affaire est célèbre ; pourtant, elle fait toujours autant frissonner. Quiconque dévorera cette nouvelle illustrée signée du maître du fantastique horrifique des débuts du siècle passé, H.P.Lovecraft, ne pourra point ne pas ressentir comme un frisson le long de son échine, tant la passion est là et le sujet fait fantasmer. Imaginez seulement, la nécromancie... Au terme de quelques 120 pages, I.N.J. Culbard réussit son pari d'adapter parfaitement une intrigue aux circonvolutions parfois peu évidentes, même si la mécanique apparaîtra vite aux plus avertis d'entre vous. Que vous connaissiez ou non la chute, que vous l'imaginiez ou que vous la méconnaissiez totalement, le récit parvient à vous happer dès les débuts. Et l'on replonge avec délectation dans une histoire occulte semi-réelle où le doute demeure. Et si cela était vraiment ? Et si tel est pris qui croyait prendre ? Un ressort narratif éculé mais qui fonctionne ici à merveille ! Non, la seule déception de cet album réside dans son traitement graphique quelconque. L'auteur n'aurait-il pu imaginer un rendu N/B ou autre (bicolore à la Sin City...) qui rende justice à l'atmosphère si particulière et malsaine ? L’œuvre y aurait gagné en force encore, sans nul doute.