L'histoire :
« Le message que je vous adresse vous parvient via un canal sécurisé. Vous pouvez choisir de le rendre public ou de le garder secret. Je sais à quel point les criminels aiment l'obscurité, mais vous me parlerez sans doute alors de discrétion... Sachez-le bien, grâce à l'argent, vous avez pu vous placer au dessus des lois, mais malheureusement pour vous, pas au dessus de moi. Je ne vais pas vous prendre votre argent, mais juste vous faire payer. Un pour cent par un pour cent. ». L'homme qui vient d'adresser ce message à une dizaine de millionnaires considère que l'odeur pestilentielle de la richesse a englouti le monde, transformant notre air en merde, piquant les yeux des plus pauvres et imposant la peur aux plus modestes. La peur de devenir encore plus pauvres. Alors la seule issue possible se situe en haut, précisément là où sont les riches. Et il va aller les chercher s'ils ont abusé de leur pouvoir. Jusqu'où peuvent-ils construire avant que tout ne s’effondre à nouveau dans la boue ? Est-il juste qu'ils conduisent le monde à sa perte ? Pour ces types là, une chose est claire dans l'esprit de Renato Jones, le freelance : les super riches vont l'avoir super profond !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Renato Jones a été conçu par Kaare Kyle Andrews comme un récit satirique dénonçant l'absurdité de la concentration des richesses et la corruption que cela entraîne. L'auteur complet – du scénario au dessin, en passant par la couleur – prend pourtant le parti du divertissement façon spectacle à l'Américaine : tout est exagéré, de temps en temps même comique, et ça bouge en permanence. Avec ce volume 2, qui propose une conclusion très ouverte à une suite possible, on ne s'ennuie pas une minute. Si le cours des évènements est relativement prévisible, il n'en reste pas moins spectaculaire et il y a un avantage notable : les séquences se suivent mais font appel à un mélange des genres qui fonctionne bien. Il y a même du mélo ! Certes, le propos n'est pas vraiment profond, mais ce qui donne à réfléchir, c'est que des éléments de cette fiction se rapprochent étrangement de la réalité. Un Président des États-Unis qui est un businessman sans foi ni loi, aux accointances très curieuses avec la Russie et la Corée du Nord ; le spectre d'une apocalypse nucléaire ; et des classes moyennes ou pauvres, que le pouvoir maintient strictement à leur place, en manipulant les médias ; la violence sociale qui en découle ; la perfidie des élites : autant de thèmes explicitement abordés. Voilà pour la toile de fond. Ajoutez de bonnes bastons à base de big guns et vous avez Hollywood en planches. Et puisqu'on en est à parler des planches, le traitement graphique de ce comic book est certainement son point fort. KK Andrews s'éclate et nous régale les yeux avec une multiplicité de techniques, l'alternance du Noir et Blanc et des couleurs vives, parfois à la limite du fluo, confèrent une certaine « originalité visuelle » à ce titre. Andrews introduit aussi un gimmick qui fonctionne bien, en accompagnant chaque fin de chapitre de fausses pubs façon produits de luxe. Et pour le coup, c'est vraiment bluffant... et marrant ! On referme donc ce bouquin avec une sensation agréable : c'est beau à voir et globalement bien foutu. Ni complètement caricatural, ni non plus réaliste, ce Renato Jones ne fait pas dans la dentelle. Mais sous ses faux airs de bourrin au premier degré, il cache cependant pas mal de qualités !