L'histoire :
Dans un futur temporellement proche et spatialement lointain, Fairhaven est une ville située sous un dôme de terraformation d’une planète colonisée par les humains. Morgan, une jeune femme native de « la brousse », y pratique deux de ses sports favoris : le jogging et le « huntr ». Cette dernière discipline consiste à chasser les xémons, des créatures mutantes très dangereuses qui parviennent régulièrement à pénétrer sous le dôme. Et Morgan sait y faire, elle est une artiste à l’arme blanche. Outre le prestige que les spectateurs lui accordent sur les réseaux sociaux, en attribuant des étoiles à sa prestation, l’autre avantage d’être un huntr, c’est qu’on peut trafiquer le sang de ces créatures en drogues, quand on sait y faire. Et Annie, la coloc de Morgan, sait y faire. Ce jour-là, après avoir éventré un xémon dans un parc urbain, Morgan et Annie récupèrent son sang dans un seau, par-dessus la baignoire de leur appart. C’est le (mauvais) moment que choisit un livreur Vélivr’ pour sonner à leur porte. Annie reconnait Mitch, un vieux rencard Tinder® qui l’a jadis aidée à monter une armoire Ikéa®. Et Mitch reconnait Annie et se tape l’incruste dans l’appart. C’est le second mauvais moment que choisit un autre xémon, alléché par l’odeur du sang de son condisciple, pour apparaître par la fenêtre. Le xémon attaque directement Mitch en le mordant au bras. Morgan intervient avec la seule arme qu’elle chope rapidement : un balais espagnol…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le ton de ce premier opus de Huntr (sur deux prévus) est pour le moins surprenant, venant d’une aventure de science-fiction. L’ambiance est en effet plus proche de Friends ou de Riverdale, que des canons du space opéra. Nous découvrons d’emblée la pratique hétérodoxe de nos héros, le « huntr », au sein de leur dôme de vie sur une planète lointaine : ils chassent les monstres mutants extraterrestres, à l’arme blanche, ou à grands coups de « blast » (ou vous laisse découvrir ce que c’est). Cette chasse est hyper dangereuse, car les xémons sont vifs, moches, plein de griffes et de dents pointues… mais nos « huntr » s’y adonnent avec pas mal d’insouciance, presque aussi facilement que s’il s’agissait d’attraper des Pokémons sur smartphone. Et pour cause, la culture geek accompagne cette discipline : ils tentent des coups artistiques, choisissent leurs tenues et leur mise en scène, et ils attendent du public qu’il les note favorablement, ou pas. Entre deux scènes d’action, il y a aussi pas mal de palabres, autour de leurs histoires de cœur, leurs vieilles rancunes, leurs souvenirs, dans un environnement urbain qui s’apparente à une grande ville du XXIème siècle. Les scénaristes Jordan Morris et Sarah Morgan insufflent beaucoup d’humour dans les répliques et les situations, avec des parenthèses superfétatoires donc indispensables (la soirée quizz), pour aboutir à une tonalité relativement novatrice et finalement légère. Les combats se montrent aussi souvent délirants, sous les crayons semi-réalistes et très dynamiques de Tony Cliff. Les 120 planches de ce premier opus se découvrent avec plaisir et nous donnent rendez-vous pour un second tome à paraître.