L'histoire :
Dans son garage, un type enregistre son speech. Chuck, c'est son nom, expose sa vision de survivaliste, alors même que la pandémie du coronavirus a démontré la fragilité des structures sociales. Le salut n'est pas dans l'aide ou l'assistanat, que tant de gens demandent avec colère au gouvernement, mais dans le cœur et tête de chaque citoyen. L'élection en 2021 de Joe Biden avait pourtant eu l'air d'avoir désamorcé les tensions répandues dans le pays. Sans doute n'avait-elle fait que les soulager temporairement, car tout ce qu'il y a de plus conservateur chez les américains avides du Make America Great Again n'a eu qu'à patienter un peu et reconnaître en Holster son champion. Ce nouveau président s'attela, sans même le réaliser, à donner au pays le même visage que le sien. Ni de nouvelles émeutes, ni bien sûr les médias et encore moins l'opinion publique offusquée, ne lui suffirent à comprendre la situation. Il fallut attendre le 4 juillet pour que le Président Holster, dans sa troisième année, réalise où en était le pays : 6 états ratifièrent une déclaration d'indépendance, ne se reconnaissant plus dans les valeurs insufflées par Washington. Holster, ancien colonel à la retraite, retrouva ses vieux réflexes : seule l'armée pouvait rétablir l'ordre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aucun fan de comics digne de ce nom n'a pu passer à côté d'un DoggyBags. Le concept initial – des recueils d'histoires courtes – a trouvé une extension vers un format long, dont le titre de cette collection dit tout. Mud, qui dit lui-même que Run, le fondateur de la série, est son mentor, se charge d'un scénario qu'on peut qualifier de désespéré. En effet, tout commence avec une fiction politique, celle d'une seconde guerre de cession. Les personnages en présence sont tous des preppers, à savoir des survivalistes. La première scène est toute en action et très vite, le récit vire au huis-clos puisque le commando en question se retrouve enfermé dans leur tank, ensevelis sous quelques tonnes de gravats. Commence alors une longue attente, émaillée par de nombreux incidents entre les membres d'une même équipe qui compte aussi ses blessés. Alors certes, les stéréotypes vont bon train, certes, il y a aussi une belle dose de pathos en guise de drame, mais le crescendo dramatique fonctionne, si bien que la bascule s'opère du bon côté, après qu'on se soit demandé où tout cela pourra nous conduire. On vous dira cependant, et c'est aussi la force de ce volume, que dans une Amérique rongée par la violence et la haine, il ne faudra pas s'attendre à un happy end. C'est Prozeet qui se charge des dessins, bougrement dynamiques et efficaces. Les traits des personnages sont parfois proches de la caricature, mais cela a l'avantage d'accentuer leurs expressions, quand ils sont constamment animés de sentiments extrêmes comme l'angoisse de la mort et les souvenirs qui les hantent. Alors ce DOG n'est peut-être pas un molosse, mais il s'avère tout de même costaud !