L'histoire :
Automne 1990. Le Marple Institute est un établissement de réhabilitation psychiatrique. Une taule pour dingos, pour résumer. En cette belle journée où le soleil couchant illumine de ses derniers rayons orangés le bureau du directeur, le Dr Marion Weekers, une curieuse scène se joue : le boss tient à la main un 38 spécial. Le genre de flingue qui fait un trou gros comme un petit doigt quand la balle rentre, et un second trou gros comme un poing quand elle ressort. La vie ne tient pas à grand-chose, comme en juge régulièrement la jeune Miss Howell, alors que ça bouche effectue un va et vient jugé satisfaisant par le patron. Le voici donc à nouveau satisfait et il renvoie la jeune fille mutique dans sa cellule, en lui accordant la prolongation de privilèges qu'elle vient de mériter... « Nebraska, The good Life », ça paraît comme tout sauf évident à deux agents du FBI qui débarquent quelques temps après dans ce bled pourri. Carter Benedict, c'est 18 ans de boîte en costard noir et l'agence lui a collé la présence de Gill Shaw, une femme qui a l'air d'avoir jugeote et rigueur, et un putain de caractère. Un avenir dans le métier, quoi... Tous deux débarquent donc dans l'hôtel le plus miteux qu'il leur ait été donné de voir. Ils sont à la recherche d'une jeune femme, les disparitions semblant s'être multipliées dans le coin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En prenant les commandes du Label 619 qu'il a lui-même créé chez Ankama, Run a planté le premier clou de ce qui allait devenir une référence incontournable des comics-bien-de-chez-nous. Doogy Bags, c'est 13 albums pour la série régulière depuis 2011 et ça a fini par être une marque, au bon sens du terme, celle qui évoque un univers. Un univers qui cartonne en l’occurrence, brassant à peu près tout ce qu'on peut trouver en matière de fantastique et de polar, avec une nette tendance à l'horreur gore. Alors quand il n'y en a plus, il y en a encore : Doggy Bags est passé au format one shot, qui laisse par définition plus de place au développement que le format précédent, qui proposait en général 3 histoires façon nouvelles. Cette fois-ci, c'est Hasteda et Luché, alias Ludovic Chesnot, qui nous pondent une histoire à ne pas glisser entre les mains des bambins. Et comme toujours, on est dans le jus (un sale jus) dès les premières planches, avec une scène introductive qui donne le ton : c'est dans les pampas les plus reculées qu'on trouve également l'expression de la pire violence. Nous voici donc en compagnie de deux agents du FBI qui débarquent dans un Nebraska donnant envie de tout sauf de tourisme. Mapple, son ex industrie de la guimauve, un patelin aussi sinistre qu'une mine désaffectée, avec sa population de « purs » dégénérés. Les habitués des sacs à emballer la viande froide retrouveront ainsi toutes les caractéristiques de la série. Ici, en résumé, on a droit à une description crescendo de la folie meurtrière. La dramaturgie est claire comme de l'eau de roche : on sait dès le départ que ça va finir en bain de sang. L'histoire ne réserve donc pas de grande surprise et on peut même trouver que ça ronronne, entre deux scènes de boucherie. On appréciera à leur juste valeur les petits dossiers glissés par Run et ses acolytes, qui reviennent sur des évènements comme le massacre de Waco, celui perpétré par Charles Manson ou encore le suicide collectif organisé par Jim Jones au milieu des années 60. Les plus observateurs se régaleront aussi des détails sous forme de clin d'oeil à la série et aux auteurs, qui se réservent un joli caméo à la fin de l'histoire. Un volume qui pue la mort !