L'histoire :
Dance or Die : Ulysses Wesley, apprenti reporter et cinéaste, a accepté de suivre son copain Merle Monroe dans son patelin de bouseux, Blue Gully, en Virginie Occidentale. Il doit le filmer tandis que celui-ci exécutera une prestation de danse sur scène, lors de la fête locale. Mais au moment où Merle monte sur les planches devant un public bigarré, des péquenauds vulgaires et sans-gêne débarquent en 4x4 et s’en prennent à Ulysses…
The bad seed : Dans un coin de nature à proximité de Long Creek, dans l’Oregon, deux adolescents, Faith et Ray, s’amusent à jeter des cailloux dans la tête de Jerry, un gamin dégénéré et inoffensif. Ils repèrent soudain l’entrée d’une vieille mine désaffectée. En l’explorant, ils s’aperçoivent que les lieux ont été transformés en blockhaus de survie. L’accumulation de vivres, d’eau et d’armes indique que le vieux Hamilton, à qui elle appartient, s’apprête à survivre à la fin du monde. Mais une pièce au fond contient toute autre chose, d’autrement plus inquiétant…
Bone Pickers : Ça fait plusieurs jours que Duck, Crazy et Handsome prennent leur mal en patience dans une cabane en ruine, paumée en plein désert. Ils tentent de se faire oublier, après avoir « un peu » déconné. En effet, derrière le cabanon, ils ont enterré le flic qu’ils ont buté. Et à côté du flic, il y a leur ex-copain Will, qui est en train de cramer sans eau, sous un soleil de plomb, attaché à un pieu...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un éditeur français, des auteurs français… mais un titre anglophone, un format comics (recueil souple, façon pulp) et un contenu s’intéressant à 200% à la société américaine : nous classons logiquement ce Beware of rednecks parmi les comics, comme la plupart des récits rattachés à la série Doggybags. Or vous vouliez de la société américaine, vous allez être servi avec ces rednecks. En préambule, Run, le directeur du Label 619 reprécise légitimement les choses, avec un rappel historique de ce qu’on appelle les « rednecks », alias les péquenauds blancs, bouseux, généralement armés, mais pas d'un fort QI, issus de la colonisation irlandaise. Cette frange de la population américaine est loin d’être anodine : il s’agit du cœur même de l’électorat de Trump. Les trois histoires qui s’ensuivent exploitent donc cette bêtise crasse et rurale, qui dérive forcément dans la violence débridée, sanglante, gratuite, pour satisfaire au registre pulp. D'ailleurs la couverture annonce bien la couleur, en forçant (un tantinet) le trait ! La première histoire, signée Armand Brard et Toth’s se déroule dans les Apalaches du film Délivrance John Boorman. Elle est bien glauque. La seconde est réalisée par Tomeus, en auteur complet, et elle se montre pas moins sordide. La troisième, poisseuse et dégueulasse, par Mudd et Prozeet met la cerise moisie sur le gâteau de viscères avariées. Il y a même un récit court de Tanguy Mandias, illustré par Run himself. Entre chaque histoire, des paragraphes didactiques expliquent maints aspects de la culture rednecks (la différence subtil entre redneck, white trash et hillbilly ; quid du survivalisme ; les cobayes pharmaceutiques ; le dixie flag). En somme, un regard qui nous élève sur un peuple au ras-des-pâquerettes.