L'histoire :
Au cimetière de Central City, le Spirit assiste aux funérailles de Jimmy Bauhaus, gangster issu d'une des 8 familles mafieuses régnant sur la ville. Jimmy n'avait guère d'envergure. Il était surtout connu pour son talent à dépenser un argent qu'il n'avait pas toujours en sa possession. Jimmy a été éliminé par des créanciers qui n'en pouvaient plus d'attendre le remboursement de ses dettes et qui souhaitaient faire un exemple. Bauhaus laisse derrière lui une jeune veuve sublime de beauté et une situation explosive entre les différents clans de la ville, sa famille reprochant aux parents de sa femme d'être à l'origine de sa mort. Dans l'ombre, le Spirit veille, espérant empêcher une inévitable guerre des gangs...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
J'avais exprimé pas mal de réticences sur le premier tome, je me dois malheureusement d'enfoncer le clou avec ce second volume, réunissant les nouvelles aventures du Spirit, héros légendaire du Comics américain, créé au début des années 40 par Will Eisner. Pas nulles, mais pas extraordinaires non plus, les 3 historiettes de ce recueil nous séduisent temporairement par leur violence psychologique ou leur érotisme sous-jacent, avant que David Hine, le scénariste, ne finisse systématiquement par introduire un élément incongru ou un élément de psychologie mal vu, qui vient rompre d'un coup le petit charme qu'il avait su créer. Plus grave encore, la place laissée au Spirit dans ses histoires est du domaine du négligeable. Les personnages secondaires prennent toujours le pas sur lui, le réduisant à une caricature d'idée de justicier, n'intervenant dans le récit que pour le faire avancer, sans qu'on creuse davantage sa relation à cette ville de Central City qu'il a juré de protéger. Mais le pompon reste le choix du dessinateur. Je l'ai dit et le redis : au-delà même de ses histoires, le Spirit est une icône graphique, un personnage identifiable entre mille grâce au trait élégant et très personnel de son génial créateur : Will Eisner. Confier la renaissance d'un tel personnage à Moritat, un jeune dessinateur au trait hésitant, impersonnel, offrant des cases à la limite du crayonné, c'est suicidaire et pourquoi ne pas le dire : franchement irrespectueux, tant pour le créateur du personnage que pour ce pauvre garçon qu'on expose ainsi en l'envoyant au front, avec la garantie qu'il va se faire assassiner par les fans et les critiques. Et c'est sans doute là que se situe le principal problème de ce revival. DC comics a voulu faire renaître le Spirit de ses cendres sans engager l'équipe artistique à la hauteur du sujet. Un peu comme si Casterman avait confié le retour de Tintin aux premiers venus. Une déception, donc, qui rend terriblement amer, au vue du potentiel non-exploité et des magnifiques couvertures de José Ladrönn qui, elles, nous offrent toute l'élégance et la puissance qu'on était en droit d'espérer.