L'histoire :
Oliver est conduit avec d'autres chiens et chats dans le chenil d'Etat de Jackson. Ce fidèle compagnon de l'homme est d'un tempérament joyeux et n'hésite pas à dire aux autres qu'il n'a pas sa place ici. Pour lui, le monde est un paradis et il n'hésite pas à le chanter très fort au milieu des groupes canins et félins qui se livrent une vraie guerre froide. Oliver va se retrouver en cellule avec Sugar, une chienne qui est là depuis un moment et qui n'attend que le bon moment pour s'évader de cet enfer. Lors d'une balade dans la cour, Oliver voit qu'une balle appartenant aux chiens a été perdu et roule vers Pickles et son groupe de chats. Le jeune chien n'a as peur et s'approche en demandant gentiment la balle. Les gros bras de Pickles le saisissent alors mais leur chef leur ordonne de le relâcher. Il tend alors un paquet et demande à Oliver de le donner à Sugar. À l'intérieur se trouve le collier de Chester, l'ancien compagnon de cellule de la chienne...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'Humanité va t-elle apprendre un jour de ses erreurs ? Alors qu'elle s'est divisée durant des siècles au sein de guerres barbares ou de conduites inacceptables comme l'esclavage ou l'holocauste, celle-ci n'a pas non plus traité son monde et les espèces qui y vivent de la meilleure des manières. Les animaux ont souvent été l'objet d'expériences scientifiques mais également de sévices ou de tortures. À sa manière, Kennel Block Blues dénonce injustement la cruauté dont les hommes peuvent malmener leurs plus proches compagnons, à savoir les chiens et les chats. Ryan Ferrier, scénariste entre autre de Sons of Anarchy, raconte l'arrivée dans un chenil de plusieurs chiens, dont Oliver. Là-bas, ce dernier va découvrir l'enfer carcéral, la haine entre espèces etc. L'auteur traite son histoire à la manière des nombreux récits carcéraux. On y retrouve comme souvent des groupes identifiés, des alliances en sous-mains mais aussi une tension omniprésente. L'écriture de Ryan Ferrier interpelle en mêlant bien les animaux à un contexte humain. Multipliant les parallèles, il pousse la réflexion assez loin de par notamment son héros, Oliver, qui par sa naïveté et sa bonne humeur va comprendre progressivement que le monde est profondément cruel. Les quatre épisodes se lisent sans ennuyer et s'appuient sur des dessins surprenants réalisés par Daniel Bayliss. L'artiste a opté pour un anthropomorphisme payant pour les personnages et appuie merveilleusement bien leur caractérisation à travers un jeu d'expression malin et inspiré. Certaines compositions sont également bien pensées comme la description du plan d'évasion ou alors les visions hallucinées d'Oliver lorsqu'il se croit dans une sorte de comédie musicale. Un album qui parvient à susciter réflexion et émotion a forcément du mordant, non ?