L'histoire :
Jesus a passé les douze premières années de sa vie auprès de sa mère dans un bled paumé au sud de la Californie. Il a un petit frère de 3 ans, Pico, mais ce dernier n'a pas non plus de papa. Depuis un soir d'Halloween, Jesus aperçoit un spectre à tête de citrouille qu'il surnomme Spooky. Celui-ci lui demande de faire des gestes mauvais mais jamais le petit garçon ne l'écoute. Un jour, le corps de Pico est retrouvé sans vie, l'enfant a visiblement été tué par plusieurs coups à la tête. La police fait de Jesus le coupable idéal et les faits semblent l'indiquer, alors que le garçon dit n'avoir rien fait. Le procès a lieu et il est condamné à sept ans. L'enfant est incarcéré dans une prison comme les autres mais afin de le protéger, il est mis dans une cellule isolée. Le temps passe et les visites de sa mère s'espacent toujours plus avant qu'elles n'existent plus.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si vous pensiez que Run en avait terminé avec Mutafukaz, c'est bien mal connaître son auteur qui travaille toujours sur la transposition de son œuvre sur grand écran. Côté bande dessinée, il s'est associé à Neyef (Doggybags, Bayou Bastardise) pour imaginer un spin off intitulé Puta Madre. Ne vous attendez pas à retrouver Angelino ou Vinz puisque le récit se penche sur la destinée d'un jeune garçon de douze ans qui est condamné à la prison pour le meurtre de son petit frère. Run n'a pas son pareil pour dépeindre cette société américaine et ses aspects les plus dures. Cette plongée en milieu carcéral est particulièrement immersive et s'inspire dans les grandes lignes du documentaire Perpétuité pour les enfants d'Amérique. Le scénario est habilement mené et Jesus est un petit garçon attachant. On pressent que ce monde impitoyable va lui faire perdre définitivement son innocence... Neyef poursuit sa montée en puissance d'album en album et retranscrit parfaitement l'atmosphère fantasmée des prisons américaines. Les cadrages sont d'une efficacité redoutable et l'ensemble très détaillé. Run vient aussi prêter main forte à l'occasion. Premier fascicule sur six prévus, Puta Madre est une nouvelle baffe dans la gueule.... à suivre.