L'histoire :
En 1908, tandis que la jeune Suzanne Lenglen âgée de 9 ans s’amuse avec un diabolo sur la Promenade des Anglais à Nice, son père assiste à la finale d’un match de tennis masculin sur un terrain situé place Mozart. Le néozélandais Anthony Wilding, alors au sommet de son sport, écrase son adversaire 6-0 6-1 6-2. Le public le porte aux nues. M. Lenglen trouve ce succès fort agréable… Il décide de faire de sa fille une championne de tennis. Dès la puberté de la jeune fille, il se mue en redoutable entraîneur, notamment sur leur terrain familial situé derrière leur maison de Marest-sur-Matz. Il est exigeant et fait travailler Suzanne en précision sur ses frappes de balles, en plaçant des mouchoirs ou une pièce de monnaie sur les zones proches des lignes, afin qu’elle s’habitue à les viser. La formation s’accompagne d’un régime strict, mais aussi de danse classique, de gymnastique, de natation… et Suzanne montre déjà un sacré fichu caractère. Un premier match d’importance se déroule à Cannes en 1914, contre Mlle Broquedis. Suzanne Lenglen l’emporte, au courage. Dans les semaines qui suivent, son père confie Suzanne à un nouvel entraineur, Joseph Negro, surnommé « le sorcier »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est un écossais, Tom Humberstone, qui nous propose cette biographie en bande dessinée de la championne française de tennis, la célèbre Suzanne Lenglen. Si elle a aujourd’hui donné son nom au deuxième plus grand court de Roland Garros, Suzanne Lenglen a surtout été une pionnière du tennis en France ; et plus généralement, elle a ouvert la voie à la pratique du sport féminin – en toute humilité. Son caractère de cochon, son joli palmarès, ses matchs de légende (la finale dingue de Wimbledon en 1926), mais aussi sa vie mondaine, son arrogance naturelle (elle fut imitée, caricaturée…), ses tenues provocantes à la mode, ses amours tumultueuses, en ont fait une icône des années folles, une « divine », telle qu’elle était surnommée. Humberstone fait débuter la biographie à ses débuts sur un court de tennis, en compagnie de son papa, dans leur jardin familial de Marest-sur-Matz. L’auteur insiste sur le travail assidu et les entrainements de sports complémentaires pour magnifier un talent naturel et optimiser l’équilibre et la précision. Il pointe aussi l’époque machiste et la révolution qu’a ouverte Suzanne Lenglen dans la pratique du sport féminin. Cette popularité fut notamment due à quelques provocations plus ou moins volontaires – une pratique toujours courante dans le milieu du tennis… Humberstone n’omet pas d’évoquer la part sombre de la championne – un caractère de chiotte, une propension naturelle aussi à se la jouer diva, une santé souvent chétive, un penchant pour le cognac, des looks provocants, une riche vie nocturne… La biographie est factuelle, mais relativement complète jusqu’à la fin de la carrière de la joueuse, morte d’une leucémie à 39 ans. Les dernières années de vie de la championne, avec sa reconversion dans la mode puis l’ouverture d’une école de tennis, sont étrangement passées sous silence. Le dessin semi-réaliste encré, entièrement décliné dans des tons de bleu et de rouge (même l’herbe de Wimbledon est rouge !) est très agréable, et le découpage parvient à donner rythme et suspens aux matchs clés de la carrière de Suzanne Lenglen. Faire vivre un match de tennis en BD se révèle un exercice très compliqué, ici plutôt bien réussi. Un dossier iconographique de 8 pages, issues des archives de la FFT, termine cet épais et complet roman graphique.