L'histoire :
Centre ville de Melbourne, Victoria, Australie. C'est l'heure du brunch et au Marsofu, on prépare avec application les meilleurs burgers veggie de la ville en attendant le rush imminent des clients. Soudain, le sol et les murs tremblent, les bouteilles de sauce valsent et les employés, comme bientôt tous les habitants du continent, sont stupéfaits. Un spectacle effrayant a lieu en pleine rue : deux super héroïnes s'opposent dans un combat sans merci, provoquant des dégâts sans précédent en temps de paix. Il s'agit de Tank Girl, que Bad Seed est venue anéantir pour accomplir sa vengeance. Et comme si cela ne suffisait pas, les autorités locales déclarent dans la foulée qu'une météorite grande comme Melbourne va percuter... Melbourne ! Le Maire de la ville déclare qu'il n'y a aucun lien entre les deux évènements et ça, il faut bien le dire, c'est super louche. Alors oui ou non, il y a-t-il un lien, hein ? Et qui de la bienveillante Tank Girl ou de l'impie Bad Seed triomphera ?...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tank Girl, c'est l'exemple même de la série underground devenue culte en même temps que populaire. Née il y a un peu plus de 30 ans de l'imagination d'Alan Martin et dessinée alors par Jamie Hewlett, issue d'un fanzine, elle incarne à l'époque le mouvement punk et sert la cause féministe. Tank Girl, c'est un sacré bout de nénette qui vient faire la nique (shocking !) à la Dame de Fer qui gouverne alors l'Angleterre. Car si l'action se passe en Australie, ce qui lui donne aussi un petit côté «exotique», c'est bien la Grande Bretagne conservatrice à qui elle botte le... oui, bon, on ne vous fait pas de dessin... Rebecca Buck devient ainsi, au fil des ans, le symbole anarchiste d'une violence tournée au second degré mais qui contient une réelle part de subversion. Mais que voulez-vous, il y a des lois universelles, comme celle de l'embourgeoisement et le chemin de ce petit bout de nerf a aussi obéi à la règle, succès commercial aidant. Si bien qu'aujourd'hui, Tank Girl continue à botter des fesses, mais sur le registre de la farce et non plus de la rage politisée. Cela ne veut pas dire que son créateur l'a dévoyée : on peut facilement comprendre que trois décennies après, Alan Martin ait aussi un autre regard d’artiste et sans doute l'apaisement qui résulte de la reconnaissance, tout simplement de la réussite de sa création. Alors on se réjouira avec ce nouvel opus qui singe les super-héros de façon assez hilarante. Imaginez de grands costumes répondant à de grandes responsabilités, un jeu comme comme les échecs à chatte, du Shakespeare dans le texte, des burgers végétariens et une météorite qui va s'abattre sur Melbourne et vous avez les éléments de ce grand délire, qui n'a pas d'autre prétention que de divertir. Brett Parson, quant à lui, fait un boulot impeccable. Le bouquin étant imprimé sur un papier jauni qui simule celui des vieux comics, il arrive à intégrer une touche retro à ses graphismes et pousse le vice jusqu'à reproduire des couleurs délavées qui débordent de quelques millimètres des cases, comme un clin d’œil aux veilles techniques d'impression. Ne croyez pas qu'il s'agisse d'un gadget, l'effet est terriblement plaisant. Alors si vous voulez du fun et rien que du fun, un peu d'amour aussi, vous apprécierez cette Tank Girl que nous, on aime Forever !