L'histoire :
Christine Luna est détective privée à New-York. La jeune femme assiste souvent la police dans des affaires de meurtres. Elle possède un don unique. Chris a la capacité de voir et de communiquer avec les morts. Alors qu'elle vient de résoudre un nouveau crime, la détective privée se morfond chez elle devant le peu d'argent que son don lui fait gagner. Heureusement, au courrier, une bonne nouvelle est arrivée. Elle hérite de sa tante une maison où elle a grandi. Le souci est qu'elle se trouve dans le Maine et que les souvenirs liés à la région ne lui sont pas forcément très agréables. La veille de son départ, Chris fait un horrible cauchemar où elle aperçoit un être terrifiant qu'elle nomme le chtonien. Ce dernier lui est apparu le jour où elle eut un accident de train, un drame qui fut aussi l'instant où ses pouvoirs se sont déclenchés. Dès son arrivée à Crooksville, Christine comprend que quelque chose ne tourne pas rond. Le voile des ténèbres séparant le monde des vivants de celui des morts serait-il en train de se rompre ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le voile des ténèbres est un récit d'El Torres et de Gabriel Hernandez, un duo d'auteurs ibériques que l'on a découvert sur le formidable Aokigahara. Après avoir revisité le récit horrifique japonais, le tandem s'empare du thriller fantastique, teinté bien sûr d'une louche d'épouvante avec cette fois-ci pour contexte les USA. L'histoire raconte le retour au pays de Christine "Chris" Luna, une détective privée qui, depuis un accident de train, a la capacité de voir et de communiquer avec les morts. A son arrivée, elle se rend très vite compte que les ténèbres s'apprêtent à déferler sur le monde. Si le récit peut paraître assez classique pour les amateurs du genre, El Torres évite les clichés habituels et se plaît à intégrer des concepts intéressants comme la boucle qui est le moment où les morts se mettent à bloqer sur un souvenir et ne plus en sortir. La narration est aussi très efficace, l'utilisation de la première personne pour mieux comprendre Chris est bien vue et permet de mieux plonger avec elle dans les ténèbres de Crooksville. A mesure que l'on progresse dans l'album, l'horreur prend petit à petit le pas sur le fantastique. El Torres dissémine ici et là des références au genre comme le théâtre des horreurs qui se tient dans une ville du Maine, région privilégiée de Stephen King, grand maître du fantastique et de l'horreur. Le voile des ténèbres bénéficie en plus d'une identité visuelle hors norme de Gabriel Hernandez. A mi-chemin entre des génies tels que Bill Sienkiewicz et Ashley Wood, l'artiste espagnol offre un déluge graphique étonnant et envoutant. Encore une belle réussite pour le duo qui, on l'espère nous offrira de futurs cauchemars aussi réussies que les deux premiers...
