L'histoire :
Agé de 12 ans, Jodie Christianson se promène le long d’un cours d’eau avec ses copains. Soudain, alors qu’il passe sous un pont, il lui tombe dessus… un camion de 15 tonnes qui a fait une sortie de route ! Un véritable miracle se produit alors : Jodie se sort absolument indemne, sans la moindre égratignure, de ce spectaculaire accident. Dans les jours qui suivent, rien ne change pour lui, il se sent toujours le même. Pourtant, à l’école, on commence à le regarder différemment. Notamment en raison d’une propension à être soudainement incollable dans toutes les matières. Réunis autour de lui, ses professeurs font même l’expérience de lui poser une pluie de questions variées et hyper pointues et Jodie de répondre à tout avec une incroyable aisance. Tout le monde alentour s’interoge. Sa mère la première, elle qui n’a jamais eu de rapport sexuel de sa vie ! En Jodie, il n’y a aucun doute, elle voit le messie réincarné. En lisant pour la première fois la Bible, Jodie finit par s’en convaincre lui-même. Et le voilà qui multiplie les miracles, changeant l’eau en vin ou guérissant ses camarades de myopie ou d’asthme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture osée (le Christ crucifié, avec un T-shirt « Frankie says relax » !) donne le ton. Au scénario, Mark Millar abandonne un instant ses super vilains et autres X-men pour nous livrer ce one-shot troublant. Et si, tout à coup, le messie se réincarnait vraiment, et pourquoi pas dans le corps d’un enfant américain lambda de 12 ans ? Tout en évitant le blasphème, le scénariste imagine alors le plus naturellement possible ce qui se passerait si cela venait à arriver : le voisin vient quérir l’enfant pour qu’il soigne la tumeur de sa vieille maman, les potes le mettent à l’épreuve en lui demandant de transformer l’eau en vin… La force de ce récit réside dans le mode de vie imperturbable de Jodie : il continue à fumer ses clopes (à 12 ans !), discute librement de ce qui lui arrive et organise même des séances de miracles, pour voir si ça marche. Et ça marche ! Le parallèle que fait l’enfant avec Star Wars relativise également sa mission divine : selon lui, après le premier et le second testament, à travers son existence il est en train d’écrire le retour du Jedi ! Tout au long de cette histoire, Millar situe son personnage à la frontière du super héros, avant d’asséner une conclusion habile et surprenante. Dommage que le dessin de Peter Gross soit par moment aussi changeant. Ce léger manque de régularité et de précision n’empêche nullement d’apprécier l’audace de ce comics made in US. Un sujet culotté, à l’heure où le puritanisme américain trouve de curieux échos dans d’autres parties du monde, à travers notamment la représentation sensible de certaines icônes religieuses…
