L'histoire :
Il y a 4 ans, Anthony Goodwin était peut-être le seul agent du FBI susceptible de mettre la main sur le fameux « tueur aux lettres rouges ». Avec 36 victimes retrouvées atrocement mutilées, une page de la bible épinglée sur le torse, ce serial-killer est catalogué le pire tueur de l’histoire. Jusqu’à ce jour maudit où le tueur lui a vidé son chargeur de révolver dans le genou, avant de se faire oublier. Aujourd’hui amputé d’une jambe, Anthony se laisse dépérir dans un appartement sordide. Les efforts de son fils pour lui redonner le goût de vivre restent vains. Et puis voilà qu’au moment même où les médias font l’écho d’une reprise des meurtres suivant le même modus oprandi, on sonne à sa porte. Immédiatement, Anthony reconnaît son pire ennemi, le « tueur aux lettres rouges », un flingue à la main. Contre toute attente, celui-ci demande l’aide d’Anthony ! En effet, sa sœur Katrina, la prunelle de ses yeux, vient d’être enlevée et on le fait chanter. Après avoir juré ne pas être responsable de la récidive des meurtres et avoir expliqué l’origine de ce comportement psychopathe, le tueur parvient à convaincre Anthony de l’aider, contre sa reddition ultérieure…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 115 planches intenses, ce comics en one-shot nous propose une confrontation entre un flic désabusé et le serial killer qui a ruiné sa vie. Ce système narratif a un nom au cinéma : le « buddy movie » (deux personnes très différentes sont obligées de cohabiter pour poursuivre un but commun). Ici, l’intrigue est plus centrée sur l’aspect psychologique que sur l’action à proprement parler. Profondément antagonistes depuis des années, les deux hommes se connaissent pourtant très bien l’un l’autre. Dès l’entame du récit, ils ont la même intimité que pourraient partager, par exemple, deux collègues. A force de les suivre dans leurs rapports ambigus, on en viendrait presque au fil de l’intrigue à comprendre les motivations du serial-killer, comme poussés par une sorte de syndrome de Stockholm (les otages finissant par adopter le point de vue de leurs tortionnaires). A l’image de la manipulation mentale dont est victime le héros flic, le lecteur passe donc lui aussi un Pacte avec le diable le temps de l’enquête. Le scénario de Mike S Miller – épaulé pour les dialogues par Ben Avery – nous rappelle à la réalité en fin d’album : un serial-killer est avant tout un déséquilibré. Malgré quelques incohérences, on se laisse facilement emporter par l’intensité de ces rapports troubles, jusqu’au climax final. De son côté, Sherwin Schwartzrock, pour qui ce pacte est la première réalisation, adopte un style graphique épuré et fortement contrasté, parfois proche de ce que peut faire Mike Mignola. Un vrai thriller noir, éprouvant…