L'histoire :
Sam le Suédois est ivre de vengeance. La mort de Phyllis en avait été l’amorce ; l’attaque de ses amis l’a mis hors de lui ! D’abord régler son compte à Don Vetto puis s’attaquer à plus gros. Une défénestration plus tard, le géant sort des griffes de Don Daggoni la belle Dahlia dont il a été un temps séparé. Armé de sa force herculéenne, rien ne paraît pouvoir l’arrêter. L’homme semble invulnérable. Ainsi parvient-il à encaisser une rafale de mitraillettes sans sourciller, saignant quelque peu certes, mais encore capable de retourner une limousine à son avantage et de la balancer sur l’ennemi. Il est ainsi Sam, un héros invincible au cœur d’or, qu’il ne faut pas pousser à bout sous peine d’en subir le juste courroux. Chandy à l’abri, le Kid de même, la guerre de rue suspendue, Sam panse ses plaies à la lumière des néons d’une pauvre chambre de l’East Side. Dahlia est à ses côtés et pleure de le voir si minable, si blessé dans sa chair comme dans sa tête. Lui ne regrette rien et par amour va même plus loin : il lui révèle son terrible secret… Au petit matin, il se réveille un verre à la main, la belle s’est de nouveau envolée et ses forces avec elle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adapté de la célèbre histoire de Samson et Dalila (tirée du Livre des Juges, 13-26), Ruule est un récit comme seul le comics peut nous l’offrir. Un polar noir d’inspiration biblique où la symbolique occupe tout autant de place que la violence d’un diptyque brut de décoffrage. Les thèmes chers à l’Amérique sont ici rassemblés : la religion, la réussite et la sempiternelle question du don. En un mot : pourquoi ? Pourquoi Sam Suède est-il né super héros ? Pourquoi sa force surhumaine ? Pourquoi sa faiblesse ? Pourquoi succombe-t-il à la tentation ? Pourquoi la trahison ? Pourquoi l’amour rend-il aveugle au point d’en souffrir puis d’en mourir ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi… A cela, la narration répond intelligemment par des suggestions plus que par des vérités énoncées. Peu bavards, les personnages gardent un côté flou et mystérieux. Après l’apogée de l’athlétique immigré, voici donc sa descente aux enfers, dramatique et absolue… jusqu’à l’absolution. L’ultime rebondissement ne manquera pas en effet de rappeler aux fans de J. Van Hamme celui d’un « one shot » N/B magistral (devenu il y a peu une trilogie couleur), Le Grand pouvoir de Chninkel. Certaines des interrogations relatives à la construction de l’intrigue trouveront une réponse dans la double page signée des auteurs en fin d’ouvrage (accompagnée d’une bibliographie). La belle couverture noire et or de ce second tome illustre assez bien son contenu : le verre du pêcheur jusqu’à l’hallali. Dans la droite ligne du précédent, cadrages, découpage et encrage apportent cette atmosphère si particulière et surpuissante qui font de Ruule une série musclée à découvrir.