L'histoire :
Au beau milieu d’une partie de cartes, la mise est chamboulée par l’atterrissage incongru d’un homme sur la table de jeu. Sam le Suédois est venu rapporter le gêneur qui osa s’aventurer sur son territoire au mépris des accords passés avec Boss Daggoni. L’East Side, c’est chez lui, n’en déplaise à ceux qui, d’un coup de crosse renversée, viennent s’encastrer dans le mur. Personne n’est de taille face au colosse, personne dans ce bar mal éclairé appartenant au mafioso Rocco. Personne, sauf peut-être justement la fille du propriétaire, une blonde incendiaire, en compagnie de qui, Sam termine la nuit au lit. Jusqu’à l’arrivée de sa fervente mère, venue avec le kid, implorer la pègre de pardonner le caractère dévastateur de son fils. Le caïd ne semble pas prêt à transiger lorsque sa fille lui tient tête en présentant Sam comme son futur gendre. Hors de question que cette petite frappe épouse la chair de sa chair ! Sûr, le Suédois n’a pas que des amis et nul dans le milieu ne lui connaît de point faible. Mais il plaît aux femmes et succombe facilement à leurs charmes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est puissant, large d’épaule et dispose d’une force inhumaine. Sam le Suédois a tout de Samson au pays des truands. Les éditions Bamboo poursuivent l’adaptation française des meilleurs comics made in US. A l’origine, Kiss & tell (trad. Un baiser avant de mourir) n’est pas un premier mais un second tome après Ganglords of Chinatown signé Amano/Brandon/Hawthorne/Remember (éd. Beckett Comics). Inspirés du Livre des Juges, le scénario présente donc une histoire d’une simplicité biblique, manichéenne mais diablement efficace. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ensemble est des plus musclés ! Servi par un dessin puissant et des couleurs sombres à souhait, l’atmosphère de ce pur polar évangélique oscille longtemps entre ombres et lumières pour basculer franchement dans le drame. L’encrage abondant cerne jusqu’au yeux des personnages dont les traits nuancés trahissent leur personnalité. Les répliques pèsent parfois des tonnes, si lourdes, comme pour donner plus de poids à la branlée administrée. Car la ville mafieuse n’a rien à envier aux bas-fonds de Gotham, sinon qu’au lieu d’une chauve-souris, on y aurait lâché Hellboy, un autre oiseau de nuit maintes fois plus dévastateur. Bref à la sortie, l’impression laissée est celle d’un récit bulldozer qui n’évite pas les clichés (la blonde et la brune toutes deux fantasmées), violent et prometteur. Une question demeure : Ruule, quésaco ?