L'histoire :
Une voiture roule de nuit sur l'interminable route 66 et dépasse un vieux panneau indiquant un hôtel à proximité. À son bord, une jeune femme enceinte qui fuit un compagnon violent et cherche un refuge pour elle et son bébé. À son arrivée au Pierrot Courts, qui tient son nom du grand tableau représentant un personnage de Pierrot dans l'entrée de l'hôtel, elle est accueillie par le maître des lieux. Ce dernier lui détaille quelques consignes de sécurité puis la conduit vers l'une des quatre chambres de l'établissement. Après une nuit agitée, faite de rêves étranges, elle se réveille étonnamment avec une tache de sang au niveau du sein gauche. Alors qu'elle tente de se reposer aux bords de la piscine, son voisin qui loge à la chambre numéro 2 vient la draguer lourdement, mais ce dernier devient soudain livide lorsque sa compagne fait son apparition dans l'embrasure de la porte. De plus en plus fatiguée, la future mère n'arrive désormais plus à trouver la force de quitter sa chambre, comme si quelque chose pompait son énergie vitale, petit à petit. Une éclipse approche et le monde autour d'elle semble sombrer dans les ténèbres...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis les films Psychose et Shining, les hôtels sont pour les créateurs de fiction un cadre parfait pour poser un huit clos oppressant et inquiétant. C'est ainsi que John Lees imagine ici une histoire d'horreur composée de quatre récits pour autant de chambres, à la fois très différents mais au final parfaitement connectés. Une femme qui cherche à fuir les coups de son compagnon, un mari infidèle et sa maîtresse, une journaliste qui traque un terrible tueur en série, un père qui accompagne un religieux afin d'exorciser son fils. Tel le squelette ricaneur des Contes de la crypte, le maître d'hôtel accompagne le lecteur dans cet antre de l'horreur pour un voyage au cœur de l'enfer. Dérangeant et angoissant, le scénariste construit savamment son récit qui monte en intensité de page en page pour un final en apothéose. Rarement une bd n'aura aussi bien réussi le tour de force de distiller la peur dans les veines du lecteur, dans un style très cinématographique qui vous prend à la gorge et ne vous lâche pas. Le dessinateur Dalibor Talajić parvient à merveille à transcrire en image l'atmosphère à la fois très polar et fantastique de ce titre, et même si son trait n'est pas le plus esthétique, il fonctionne très bien sur ce type de récit. Plus qu'un simple comics, Hotell est une expérience unique qui vous met une grande claque. Désormais vous réfléchirez à deux fois avant de faire une halte lors de vos prochaines vacances.
