L'histoire :
Randolph Carter est un aventurier des plus atypiques, car ses pérégrinations ont pour décor l'univers fantastique et étrange des songes. Il est « le rêveur », et sa première rencontre houleuse se produit lorsqu'il croise la route des Zoogs. Ces créatures aux yeux globuleux et aux bras démesurés comprennent vite leur erreur et relâchent rapidement le jeune homme, puis l'interroge sur les raisons de sa présence en ces lieux. Il leur explique qu'il souhaite découvrir Kadath, la demeure des dieux, et que quelques conseils pour s'y rendre seraient précieux. Les petits êtres le mettent immédiatement en garde face au péril d'une tel entreprise mais lui conseille tout de même de se rendre en Ulthar pour y rencontrer un prêtre. Arrivé sur place, Carter fait la rencontre du religieux qui lui offre un accueil glacial et le dissuade violemment d'entreprendre ce périple hérétique. Mais après quelques gorgées de vin de lune, le prêtre se détend et glisse quelques précieux indices à l'aventurier. Le grand voyage va commencer avec les dangers qui en découlent, mais heureusement il va croiser la route d'un compagnon providentiel, le célèbre chat d'Ulthar...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'œuvre prolifique de l'écrivain américain H. P. Lovecraft a défini en profondeur les codes de l'horreur en littérature et a influencé un nombre pléthorique de romanciers. Elle est de plus évidemment un terreau idéal pour l'adaptation en bande dessinée. On pensera bien sûr au travail incroyable de Alan Moore sur l'univers de Cthulhu, mais cette fois ci, ce sont des artistes espagnols qui se penchent sur la mythologie lovecraftienne et adaptent un texte issu du cycle des rêves, La Quête onirique de Kadath, l'inconnue. Nous suivons donc un aventurier, une sorte de mélange entre Corto Maltese et Alan Quatermain, dans un voyage onirique au cœur d'un monde à la fois merveilleux et terriblement inquiétant. Mais au final, Randolph Carter est clairement une vision adulte du célèbre Little Nemo imaginé par Winsor Mckay et d'ailleurs les auteurs font judicieusement des hommages appuyés en fin de chaque chapitre. Le scénariste Florentino Flórez découpe son récit de manière plutôt pertinente et dynamique et relève un défi complexe tant l'adaptation du texte de Lovecraft est périlleuse. Que ce soit les paysages, les peuples et les croyances, il prend le temps de nous faire découvrir cet univers fantastique très détaillé, ce qui rend le récit immersif. Malheureusement la partie graphique assurée par le duo Guillermo Sanna et Jacques Salomon n'est pas à la hauteur du défi, avec des dessins assez basiques et une colorisation fade. Le rendu manque de finesse, de démesure, de frisson. Dommage, le rêve semblait alléchant...