L'histoire :
Greta est dans la forge familiale avec son petit compagnon Brick : il l'aide à gérer la température, donc à créer ses objets. La journée se termine, et Greta jette un coup d'œil triste à son dragon-thé Ginseng. Il est en deuil, après le départ de son gardien, avec lequel il entretenait un lien très fort. Il n'a pas le moral et rien ne semble pouvoir égayer sa journée. Minette rejoint son amie Greta à la forge, et toutes les deux s'installent pour profiter de la soirée devant une tasse de thé. Greta confie qu'elle est un peu préoccupée, ces derniers temps, car un maître-forgeron a demandé à voir son travail, pour l'embaucher en tant qu'apprentie. Câlinées par leurs petites créatures, Greta et Minette terminent tranquillement leur breuvage. Le lendemain, Minette rejoint Hesekiel dans son atelier d'herboriste. Il lui indique qu'elle a reçu un paquet. Lorsqu'elle découvre la petite boîte verte, Minette sait que le colis vient du monastère, l'endroit où elle a grandi. Lorsqu'elle l'ouvre, elle constate qu'il contient une tapisserie qu'elle avait commencée lorsqu'elle vivait au monastère. Elle avait choisi de dessiner l'Ancêtre, la créature qui rythmait leurs temps de prières. Cette tapisserie ravive des fragments de souvenirs chez la jeune fille, et la ramène aussi à quelque chose qu'elle a perdu. Greta arrivera-t-elle à forger un objet assez unique pour impressionner le maître-forgeron ? Ginseng surmontera-t-il sa période de deuil pour réapprendre à vivre ? Minette parviendra-t-elle à découvrir les secrets que renferment cette tapisserie ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dernier tome de la série des Dragons-thé, pour notre plus grand regret. Une ultime fois, cet univers enchanteur et bienveillant respire la douceur et fait du bien. Greta, Minette, Hesekiel et les dragons-thé sont toujours au rendez-vous, mais ils vont traverser une période un peu plus troublée que dans les précédents volumes. Ici, il sera question de deuil, sous différentes formes, mais surtout de transitions. La perte d'un être cher ; le deuil de la personne que l'on était pour accepter la personne que l'on est et celle que l'on veut devenir ; mais aussi le deuil de l'enfance pour passer vers un âge plus mature. Même si les sujets sont plus durs, ils sont traités avec une grande finesse, sans jamais être larmoyants. Au contraire, on va vivre, aux côtés des personnages, des étapes qui vont les construire et les façonner. On apprécie l'inclusivité à tous les égards, tant dans les représentations des protagonistes (des personnes de couleurs, gays, handicapées) que dans leurs dénominations (l'écriture inclusive est notamment employée). L'histoire est servie par de magnifiques illustrations chaleureuses, et la colorisation est parfaitement maîtrisée, ce qui nous fait plonger dans un autre monde. On aime cet univers, on s'y sent bien, on a envie d'y rester et d'adopter un dragon-thé. Dans un monde tourmenté, on apprécie l'innocence de cette bande dessinée jeunesse qui véhicule des messages forts avec subtilité. On comprend aisément pourquoi le premier tome avait remporté le prestigieux Eisner Awards 2018 de la meilleure publication pour enfants.