L'histoire :
Jadis, les forgerons étaient aussi importants que les magiciens. Mais aujourd’hui que plus grand monde ne fait usage de son épée, à quoi cela sert-il d’en fabriquer d’aussi belles et solides ? – se demande la jeune Greta, qui apprend cet art au côté de sa mère. Qu’importe, cela reste un bel artisanat. Et le père de la fillette parvient toujours à bien vendre ensuite les épées réalisées par son épouse, en tant qu’objets décoratifs. Alors Greta met du cœur à l’ouvrage, s’efforçant de suivre l’enseignement maternel. Mais ce jour-là, alors qu’elle rentre du marché de leur village, alertée par le grognement de loups domestiques, Greta trouve un curieux bébé dragon tapi au fond d’une ruelle, sur le point de se faire dévorer. La jeune fille détourne l’attention des loups avec les entrecôtes qui devaient servir au déjeuner… et elle sauve le bébé dragon. Elle le ramène chez elle, où son père lui conseille d’aller le rendre à son propriétaire, un herboriste marginal qui tient un magasin de thé à la sortie du village. Greta s’exécute aussitôt et fait la connaissance du vieil Hesekiel, ravi de retrouver Jasmine, son « dragon-thé ». Car cet étonnant petit animal est très fragile : sur les cornes qui poussent sur sa tête, fleurissent des feuilles et des fleurs qui, une fois séchées, produisent un thé merveilleux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà voilà : donc le meilleur thé pousse sur les cornes des bébés dragons, et la marmotte elle met le petit chocolat dans le papier d’alu… Bienvenue dans ce conte de fantasy doux et calme, à l’intention du jeune public – et des amateurs de thé. L’autrice néozélandaise Katie O’Neill tisse ici une histoire on ne peut plus simple, répartie en quatre chapitres comme autant de saisons. Elle y met en scène une fillette et sa découverte pour les dragons qui produisent des feuilles de thé sur leurs cornes, d'où leur nom de « dragon-thé ». Après tout, il existait déjà bien le lapin-Nesquick®… Pour le moins, ce pitch est original ! C’est bien la première fois qu’on côtoie de telles créatures imaginaires sans qu’il y ait la moindre effusion de sang ou giclée de feu. Les dragons sont ici plus fragiles et trognons que des cro-cro-mignons poussins en peluche tout kawaï. Au paroxysme du scénario, il est question d’amitié, de respect et d’apprentissage de la confection du thé. Waoutch, ça décoiffe ! Alors effectivement, cette histoire dessinée infographiquement sans contours de formes, pleine de couleurs printanières comme quand on va chasser les œufs de Pâques, et dégoulinante de bonnes intentions et de gentillesse, semblera cul-cul-la-praline pour les adultes. Mais après tout, cette histoire ne leur est pas destinée, et un peu de douceur dans un monde de brutes, ça ne peut pas faire de mal. Vous reprendrez bien une tasse de thé ?