L'histoire :
Le tour de la disparition : En 1976, à Blackpool (Angleterre), Cathy travaille en tant que danseuse au cabaret Winter Gardens. Son tour de chant, un peu niais, succède à un tour de magie et cela ne lui rapporte pas grand-chose. Sou après sou, elle tente d’économiser un petit pécule pour se payer une maquette d’une chanson de son cru et la présenter à un studio londonien. Un jour, son appartement situé au-dessus d’un Fish and Chips est visité, vandalisé et ses économies dérobées. Une amie lui parle d’un emploi bien mieux rémunéré que le sien, auprès d’un magicien qui ne fait que des soirées privées pour hommes. Un seul problème avec ce poste : parfois, ses assistantes disparaissent véritablement au cours du dernier tour de magie…
Perdre corps : Becky est maman d’une fillette à Vancouver en 1970. Ensemble, elles font du patin à glace et mangent du pop-corn. Mais un jour, en rentrant en voiture de nuit, un virage et une plaque de verglas déclenchent un accident tragique. Depuis lors, l’une manque terriblement à l’autre…
Sirène : En 1981, deux jeunes délinquants s’enfuient en vélo-cross de chez un particulier d’Edimbourg. Il s’est passé quelque chose, pour qu’ils détalent dans une telle panique. Dans leur course éperdue, l’un d’eux, Campbell, est renversé par une voiture. Il s’évanouit dans la lumière des phares avec une fracture du crâne. De nos jours, Campbell est un vieil homme qui vit dans le centre de Glasgow. Mais un matin, alors qu’il est dans le bus, il se met à entendre un incroyable air d’opéra… que personne d’autre n’entend, et qui disparait lorsqu’il s’éloigne d’un point précis. Une fois chez lui, il demande à sa fille fraichement diplômée de l’aider à enquêter.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour sûr, le titre de ce premier album édité par les nouvelles Éditions Blueman n’est pas très explicite quant à son contenu. L’artiste irlandais Robert Cullen rassemble ici trois courtes histoires, originellement publiées en anglais sous le titre Fault Lines. Ligne de fuite est (sauf erreur) sa première publication traduite en français. Le point commun entre ces trois histoires qui peuvent se lire indépendamment et campent des contextes contemporains qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, est celle de la disparition et/ou de la mort. Dans la première histoire, Le tour de la disparition, un magicien fait littéralement disparaître ses assistantes. Dans la seconde, Perdre corps, c’est l’horreur bouleversante et tragique d’un deuil impossible. La troisième, Sirène, explore les origines tout aussi dramatiques de la surdité totale d’un vieil homme. On peut dire que le sentiment de deuil ou d’absence définitive travaille intimement Cullen. En soi, il n’y a pas de quoi s’extasier sur chacun de ces trois sujets, relativement convenus dans leur propos. Il faut cependant reconnaître à l’auteur un savoir-faire évident pour le découpage séquentiel et un dessin semi-réaliste encré très agréable, qui anime des personnages expressifs. La colorisation est minimaliste : la première et la troisième histoire sont rehaussées d’une teinte en aplat de bichromie bleu-gris ; la deuxième utilise plus de couleurs, mais majoritairement extrêmement fades.
