L'histoire :
Par une nuit d'été 1997, une voiture crève au milieu d'une route traversant une forêt. Franck et Joey sont deux malfrats aux ordres d'Harry. Alors qu'ils changent le pneu, ils évoquent la cadavre qui se trouve dans le coffre. Joey est encore bien jeune dans le métier et il est un peu nerveux. Alors que Franck use du cric pour remplacer la roue, Joey se rapproche du coffre et sort le paquet contenant la jeune femme assassinée. Le corps est un peu lourd et il heurte le sol, laissant une trace de sang sur le bitume. Joey est totalement obnubilé par cette femme et ne cesse de parler d'elle, ce qui amuse Franck. Une voiture de police approche. L'officier contrôle les papiers du véhicule. Tout se passe bien jusqu'au moment où le policier aperçoit la trace de sang. Joey sort alors son arme et abat le policier. Franck hallucine. Cet autre cadavre n'était pas prévu et il ne faut pas qu'Harry soit au courant. Avec Joey, ils remettent les deux corps dans le coffre et reprennent la route. Franck fait halte dans une station essence. Mais là-bas, son partenaire fond les plombs. Il tire sur la clientèle présente et abat tout le monde. En revenant vers son équipier, Joey parle encore une fois de la jeune femme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
David Lapham a fait ses armes auprès de Jim Stern, Bob Layton et Barry Windsor-Smith. Puis au milieu des années 90, cet artiste s'est affranchi de ses parrains pour se lancer dans Stray Bullets, Balles perdues dans sa version française. Avec ce projet, Lapham a créé une série de genre, un polar noir pétri de sordide et de violence. Dans le premier album, Victimologie, l'auteur propose trois récits. Le premier met en scène deux braqueurs, l'un expérimenté et l'autre débutant... qui pète les plombs et provoque un carnage. Au travers de dialogues ciselés et d'une narration millimétrée, Lapham fait monter la tension. Une sacré gifle, d'autant plus que les dessins sont d'excellente facture. Son trait réaliste fait des merveilles et embarque le lecteur dans une lecture sombre, froide et glauque. La seconde histoire met en avant une petite fille qui devient associable et dangereuse après avoir été témoin par inadvertance d'un meurtre. Encore une fois, Lapham joue la carte du polar psychologique et use de violence avec une minutie perverse et coupable. Le lecteur est le témoin privilégié du quotidien pathétique et des dérives de ses personnages. Le troisième récit prend place pendant une soirée où les petits malfrats côtoient les gros. Une fête où l'amour essaie de trouver sa place. Sur cet épisode, Lapham rappelle le cynisme d'un Charles Burns sur Big Baby par exemple. L'auteur a également recours à des personnages récurrents au sein de plusieurs récits, un moyen sans doute de renforcer la cohérence de son univers. Fans de polar sombre, immersif et percutant : David Lapham a pensé à vous...