L'histoire :
Sam, jeune adulte de 27 ans, arrive à un carrefour de sa vie après plusieurs échecs professionnels, sentimentaux et personnels. Il décide de retourner vivre chez sa mère pour retrouver une certaine forme de stabilité. Cependant, Sam ne retrouve par l'équilibre qu'il espérait. Depuis son départ de la maison, la vie de sa maman a complètement changé. Elle est beaucoup plus active, entre le travail, les sorties et la vie avec son nouveau compagnon Richard, elle ne peut accorder beaucoup de temps à son fils. Leur relation se résume à des mots tendres sur des pense-bêtes collés sur la porte du réfrigérateur. La mère de Sam, lors d'une rencontre fortuite avec un cousin germain, Keith, dont elle n'avait plus souvenir, permet à son fils de trouver du travail. Sam accepte bien volontiers la main tendue de ce cousin qu'il ne connait pas. De nature tourmentée et à la recherche de confiance en soi, Sam est terrorisé à l'idée de rencontrer Keith. Malgré la maladresse et la dureté des mots utilisés par Keith envers Sam, les discussions dans la voiture, les prises de responsabilité et autres petites tâches confiées, vont aider ce dernier à reprendre goût à la vie et surtout confiance en lui. Petit à petit, on se rend compte que l'assurance de Keith est une façade et que l'arrivée de Sam dans sa vie va pas mal chambouler les choses...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joff Winterhart nous dépeint ici un jeune homme paumé, broyé par les échecs à répétition. C'est bien le mal de notre bonne vieille Europe avec sa mentalité basée sur la peur de l'échec. Contrairement à nos amis d'outre-atlantique, l'échec a une connotation très négative qui renvoie un sentiment de faiblesse, de mauvaise gestion ou d'insuffisance intellectuelle. Les nord-américains n'hésitent pas à parler de leurs échecs et à présenter toutes leurs initiatives, même si elles n'ont pas fonctionné. Comme Sam, Il n'est pas rare de se questionner sur le sens à donner à sa vie. Parfois on s'arrête et on regarde dans le rétroviseur pour faire le point sur ce que l'on a fait. Est-on fier de son ascension sociale ou de sa famille ? Comme la plupart des hommes, nous n'avons pas le pouvoir de laisser une trace immuable dans l'histoire, mais nous souhaitons laisser un souvenir impérissable de notre personnalité à nos connaissances et à nos proches. Peut-être par l'humour ou le talent, peut-être par la musique ou le chant, peut-être par le statut social ou l'argent. Ou tout simplement par notre gentillesse ou notre empathie. Et c'est tout le questionnement de cet album. Même si le scénario peut paraître un peu « bateau », où l'on voit arriver de loin l'intrigue, cet album permet de se poser et de réfléchir sur l'influence, positive ou négative, des personnes autour de soi. On se doute bien, dès le début de l'histoire, que l'assurance montrée par Keith n'est qu'une façade. On se doute aussi que l'arrivée de Sam va lui faire prendre conscience des différents points manquants dans sa vie. Au niveau du dessin, le trait est simple et le décorum extrêmement minimaliste. Souvent, ne sont représentés que les deux personnages principaux et la voiture qui est le « pont » entre les deux personnalités. La colorisation monochrome est légère. Cependant, certaines planches ont quelques touches de couleurs qui, somme toute, sont les bienvenues. Cet album porte un message intéressant, un personnage principal souffrant d'un mal très européen ; mais malheureusement, le tout manque un poil de punch.