L'histoire :
Par un beau jour de l’an 79, un jeune homme court le long de l’aqueduc qui longe la baie de Naples. Le mont Vésuve domine au loin, si rassurant et menaçant à la fois. Portant une amphore dans ses bras, le jeune éphèbe pénètre la ville de Pompéi, passe par la rue principale et arrive enfin à une vaste demeure où il frappe à la porte. Il interpelle avec précaution son maître, par crainte de le déranger. Âgé d’une quarantaine d’années, Flavius est occupé à peindre une femme allongée sur un lit. Le jeune Marcus est son apprenti ; il lui rapporte les couleurs nécessaires à la poursuite du tableau. Le trait de Flavius est celui d’un artiste assuré. Le regard est fidèle, l’expression toujours juste. Marcus a de la chance d’avoir Flavius pour maître, même si l’assister n’est pas chose aisée. Car en plus de passer beaucoup de temps à préparer son matériel, il doit composer avec l’infidélité de son aîné, amouraché de cette noble princesse dont il réalise le portrait. Il ne manquerait plus qu’Alba, sa compagne jusqu’alors, ne découvre tout…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La surprise est d’autant plus jouissive qu’elle est inattendue. Derrière ses dehors inachevés, Pompéi est une œuvre fabuleusement composée et ô combien aboutie ! Tout juste les premières planches parcourues que le lecteur s’en rendra compte immédiatement : happé par une histoire universelle – qui ne connaît pas le sentiment amoureux ? – sur fond de tragédie historique. Très ordinaire et si singulier de fait. L’éruption du Vésuve, dont on sait qu’elle surgira tôt ou tard, transcende le récit et en décuple la portée. La figure originale de l’artiste peintre, archétype trop rare en bande dessinée (pensez au regretté Myrkos de Jean-Charles Kraehn et Miguel) ajoute aussi au sel d’intrigue, dont l’archéologie retrouvera la trace. Rythme imprimé, justesse du trait, expressions des silhouettes et des visages, distances, bruits suggérés, jeux de contrastes, etc...Le rendu d’ensemble est bluffant ! On s’y croirait véritablement, si bien que l’on dévore avec passion les 140 pages que compte ce récit. De l’esquisse que l’on croirait inachevée au début, finallement on ne changerait pas un détail. Le style correspond très exactement à l’époque, le détail historique est rendu avec une intelligence rare. « La vie quotidienne à Pompéi » aurait pu être un second titre de l’ouvrage. Une performance graphique pour une expérience narrative d’une intensité remarquable. L’envie est présente de parcourir encore et toujours le titre, pour comprendre comment la magie opère. Jeune auteur talentueux, Frank Santoro nous offre de l’émotion à l’état pur. Une claque tout bonnement géniale !
