L'histoire :
Dans une succession de saynètes au début du second millénaire, les destins de personnages excentriques, paumés ou isolés.
Randy Winnington est un écrivain raté. Personne ne lit son blog, sauf Mort qui lui propose de l’engager pour écrire sur son site. Problème : Randy voue une haine farouche à Mort…
Deux cosmonautes déprimés viennent d’adopter un alien, Castoff Deek. Le but : triompher de l’espace-temps.
Phineas, adolescent fugueur, est toujours réfugié chez ses deux oncles racistes, paranoïaques et parfois, étonnamment lucides.
John Pham, auteur de BD, revit ses années d’étudiants et de jeune adulte par le récit d’anecdotes tragi-comiques ou mélancoliques…
Dans une ambiance à la Mad Max, le récit cruel, violent et touchant d’un mystérieux justicier motorisé capable de voler et de tuer pour un jerrican d’essence, mais aussi capable de sauver la vie d’une jeune fille au milieu de paysages désolés, théâtres tragiques mettant en scène des pirates de la route et des motards vêtus de tenus hétéroclites. Un récit étrange mêlant poésie du mystère, solitudes et névroses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier volume bluffant de maîtrise narrative, John Pham signe un Sublife 2 confirmant toutes ses qualités : sens du récit, épure formelle et questionnement de fond. Jamais complaisant, un peu comique mais souvent cosmique, l’auteur livre une partition verticale découpée en tranches de vie isolées, prenant pour point de départ la galaxie avec la quête de deux astronautes un peu fous, pour rejoindre finalement un monde cruel, violent et apocalyptique, serti de paysages désolés. En plus d’une expérimentation formelle intéressante, John Pham propose une réflexion de fond prenant pour objet l’ennui, les ambitions ratées, la justice ou le mal. Il emprunte aussi certaines de ses thématiques au fabuleux Dan Clowes : solitude existentielle teintée de mélancolie lucide ou aliénation quotidienne. Sur le plan formel, Pham louvoie dans les traces d’un certain Chris Ware, avec un trait millimétré, d’une très grande précision. Quelques coups de crayons très épurés et minutieux, doublés d’une bichromie sobre et aérée rendent la lecture très fluide. Enfantine ou naïve, cosmique ou contemplative, tragique ou résignée, les ambiances déclinées dans Sublife sont riches. Mais là où Pham brille encore le plus, c’est dans la déconstruction de la narration. Découpée à l’aide de scènes muettes très suggestives et profondes, la séquence façon Mad Max ménage un final d’une cruauté crépusculaire, digne des plus belles pages de Ware. Appuyé par une douce ironie, il se dégage alors du récit une poésie de l’étrange très féconde. Pham excelle lorsqu’il laisse parler les images, dont la succession rythmée permet seule de suggérer la part d’humanité à l’œuvre. Peu à peu, on sent que l’auteur parvient à se libérer de ses influences pour faire émerger un univers très personnel, magnifié par un imaginaire à la poésie envoûtante. Et livrer en même temps une œuvre de plus en plus aboutie. Finalement, le seul défaut de Sublife pourrait bien être sa brièveté. Dans les pas de Chris Ware et Dan Clowes, John Pham offre une BD touchante, habitée par de belles promesses…