L'histoire :
Mario Rivera, un jeune homme avec une sorte de chignon et un baise-en-ville autour du buste, se promène sur un parc d’attraction. Il a le choix entre monter dans un joli grand huit à 5$ la place ou dans un tout miteux à 50 centimes la place. S’il monte dans le grand huit pourri, un terrible accident se produit en pleine vitesse dans un looping et il meurt à la page 12. Il doit alors poursuivre son aventure dans l’au-delà à partir de la page 15. S’il monte dans le grand huit moderne, il fait un tour très plaisant. En sortant, il a le choix entre deux boutiques de sushis : un cher et un pas cher. Une fois encore, s’il achète les sushis pas chers, il meurt d’intoxication alimentaire et est renvoyés vers les pages 12 puis 15. En revanche, s’il achète les sushis à 10$ la boîte, aucun problème ne se produit. Il doit alors songer à rentrer chez lui, en taxi. Deux enseignes de taxi se présentent à lui : une chère et une pas chère. Cette fois, en revanche, quel que soit son choix, il meurt dans un accident de la route qui l’envoie à la page 12 puis 15. A la page 15, point de nouveau départ de son destin, il ouvre les yeux dans l’au-delà. Il se trouve assis sur une chaise dans une pièce calme et étrange. De nouveaux choix se présentent à lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier volume de BD dont vous êtes le héros se déroulant dans un registre d’aventures légèrement fantastiques (Leviathan), Jason Shiga réitère l’exercice dans l’Au-delà. Le système narratif interactif est le même : des séquences de cases sont reliées par un « tube » et renvoient à chaque fin d’étape vers des choix d’actions et de pages différentes. Le système graphique est lui aussi très basique : un dessin ultra stylisé avec des persos à grosses têtes, dénuées d’expressivité et une bichromie rose-grise. Une première partie d’une dizaine de pages ne laisse guère le choix au personnage alter-ego de l’auteur : quoi que vous fassiez, vous mourrez et êtes envoyé(e)s vers la p.15, dans l’antichambre du purgatoire. Hé oui, la vie est authentiquement cruelle : quoi que vous fassiez, vous mourrez. Ce purgatoire ressemble à une bête salle d’attente avec un guichet, une fenêtre donnant sur un joli paysage et un livre posé sur une table. Comme pour le tome 1, les livres sont essentiels et reviennent régulièrement dans l’entrelacs des possibles. Pourtant, Shiga a vraiment tendance à abuser cette fois des « boucles ». C’est-à-dire qu’on se retrouve souvent renvoyés à des « carrefours » clés, quoi qu’on fasse… et on a régulièrement du mal à se sortir des impasses des choix inutiles. Un agacement se produit et ne donne guère de perspectives de réussite finale. D’un autre côté, on est d’emblée blasé : puisqu’on part déjà mort, on peut difficilement re-mourir par un mauvais choix. Une philosophie de l’imaginaire de la mort est cependant à acquérir au terme de votre aventure. Il aurait été illusoire de pouvoir tous les tester, mais il semble qu’il y ait trois possibles. Faites les bons choix.