L'histoire :
Kiity est un chat. Un petit félin malin comme tout, qui nous explique qu’il a été le bassiste-chanteur d’un groupe de Punk, les Funlicker 2215. De premières parties en festivals, le buzz finit par prendre. Puis arrive le titre qui cartonne à mort. Ensuite, c’est la lente descente et finalement la totale disparition. Il est entouré d’un Bot, un robot qui était le roadie. Un tas de ferrailles de 300 kg qui lui colle au train, veille sur ses embrouilles et nettoie son bordel. Un peu comme un ange gardien, ou une mère, ou bien Jésus ! Il faut cependant ajouter un détail : l’invention du propulseur à ions a ouvert l’ère des voyages temporels, pour le plus grand malheur des populations, qui semblent, depuis lors, condamnées à tous les cataclysmes imaginables et côtoient toutes sortes de clones et bots aux allures de succubes… Tout va bien dans le pire des mondes, jusqu’au moment où Kitty se met en tête de retrouver le concepteur de Popbot, en recrutant Sherlock Holmes ! Il ne manquerait plus que le Diable lui-même s’en mêle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Popbot est un ovni dans le monde de la BD, à déconseiller formellement aux esprits conformistes. C’est vrai que les auteurs n’ont jamais versé dans le mainstream, mais ils signent avec ce Premier Livre une sorte de manifeste de l’étrange. Entre provocations gratuites, obsessions sexuelles, références artistiques (y compris à leurs propres travaux), symboles macabres et projection dans le futur, le lecteur se retrouve secoué comme une balle de flipper… Il ne manque plus que le bruit, qu’on imagine facilement à base de guitares saturées et rythmiques binaires, punk oblige ! Paradoxalement, la poésie et l’humour-noir, ont – forcément – leur place, comme des bulles d’oxygène empêchant qu’on suffoque complètement. La narration est totalement éclatée, un peu comme le symbole d’un voyage, à travers un multivers, dans lequel on est projeté d’une dimension à une autre. Pour ce qui est du graphisme, dire qu’il est sombre est un euphémisme absolu : le noir et blanc domine, avec des touches omniprésentes de sépia. Exceptionnellement, le bleu et le mauve apparaissent. Ce visuel « no color » rejoint le « no future » et pourtant les dessins dégagent une puissance et un magnétisme incroyables. Les portraits des femmes-robots sont d’un érotisme torride. Ils ont aussi fonction de leitmotiv. Cet album est la quintessence de l’underground, ce qui ne l’empêche pas d’être littéralement exceptionnel.