L'histoire :
Comme beaucoup de jeunes femmes de son âge, Kate Beaton a un prêt étudiant à rembourser. Devant quitter la Nouvelle-Écosse, et par définition le cocon familial et ses habitudes, Kate part pour le Canada. Qu’est ce qui l’attend là bas ? Un emploi dans une usine d’extraction de pétrole, rien que ça ! Mais Kate ne souhaite pas attendre toute une vie pour rembourser ses dettes. Le travail à l’usine paie bien et beaucoup d’autres étudiants avant elle se sont lancés dans cette aventure. Alors pourquoi pas elle ? Or une fois sur place, elle éprouve une certaine désillusion quant à l’environnement auquel elle devra se confronter. Son emploi lui demandant beaucoup d’énergie mais aussi de self-control. Elle doit se frotter à un environnement neuf mais aussi, pour le moins, toxique.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Récit autobiographique composé avec beaucoup de sincérité et d’humour, Environnement Toxique est d’une grande qualité, malgré son apparence pour le moins décourageante (plus de 400 pages, un beau bébé !). Ici, Kate Beaton porte la casquette de scénariste et de dessinatrice. Sans être catastrophique, la partie graphique est pour le moins inégale. Lignes simples, nuances de gris et de blancs, proportions étranges et décors très souvent vides de vie. Certes la prouesse graphique n’est pas l’ingrédient principal de ce témoignage, mais les yeux rivés sur 440 pages grisâtres peuvent parfois faire mal à la rétine. Toutefois, la jeune femme parvient à capter une attention autre avec ce témoignage des plus sincères et alarmant. Savamment choisi, le titre de l’ouvrage est une double dénonciation : celle des méfaits commis par l’entreprise d’extraction ayant un réel impact sur notre environnement, mais également sur la mouvance anxiogène déployée par les hommes dans une ambiance clairement marquée par une masculinité bêtement viriliste et machiste. Très juste dans sa réflexion et sa construction (qui va de paire avec celle de l’auteure, puisque nous sommes dans une autobiographie), le texte n’est en rien un pamphlet féministe et/ou écologique. Il s’agit ni plus ni moins que d’un constat, d’un témoignage de ces deux années vécues dans les méandres de cet enfer gris. Aucune méchanceté n’émane du cœur des pages, c’est un récit écrit dans la réflexion et dans la bienveillance qui sensibilise sur tout un tas de choses sans perdre son lectorat. Le roman graphique de Kate Beaton nous sensibilise sur plusieurs pans : le chômage, la détresse de la jeune génération, le harcèlement et l’aliénation d’un milieu masculin souvent toxique, parfois bienveillant, mais assurément inquiétant et oppressant. Une lecture intéressante, qui questionne.
