L'histoire :
Lucy raconte avec intimité son désir d’enfant et toutes les étapes qui vont la conduire à la naissance de son fils Pal. L’espoir, la déception, l’attente sont des termes qui résument bien l’état d’esprit et les moments de doutes que vont vivre certains (futurs) parents. Le yoyo émotionnel permanent. Lucy présente avec humour tous les stades par lesquels la femme enceinte passe : la peur, les pleurs, la joie, l’euphorie, avec une capacité déconcertante à ressentir tout ça en un temps record. Heureusement, beaucoup de grossesse et d'accouchements se passent pour le mieux. A l’inverse, certaines autres sont complexes et dramatiques. Les séquelles psychologiques peuvent être importantes et à ce jour toujours pas – ou peu – prises en charge. Des douleurs bien souvent peu comprises. Dans un monde où le résultat prime sur l’humain, le corps médical n’est pas toujours compréhensif et les patientes manquent souvent d’empathie et d’écoute. De par son histoire, Lucy explique qu’elle n’a pas été prise au sérieux, malgré son intuition constante que quelque chose n’allait pas… et à juste titre. Elle dénonce aussi un machisme permanent chez les spécialistes masculins et des pratiques ou dires ancestraux. Comme si enfanter et souffrir étaient juste des étapes normales pour une femme. Elle parle aussi du jargon employé dans le « projet bébé » tous ces cycles, tous ces traitements… Les hormones de synthèses qui donnent l’impression d’être enceinte, alors que le test de grossesse négatif te fait vite redescendre sur terre. Alors on chiale un coup et c’est reparti pour un cycle, avec les rendez-vous, les piqûres, les traitements et compagnie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'autrice new-yorkaise Lucy Knisley a plusieurs bandes dessinées à son actif, un travail souvent autobiographique. Cette fois, tel un journal intime, elle évoque la maternité dans toute sa complexité. On se souvient de ce fameux sketch de Florence Foresti sur la grossesse et la parentalité, qui ne montrent pas que les bons côtés. De même, elle dépeint l’envers du décors, les aspects moins glam et c’est le plus amusant parfois. La lecture est découpée en chapitres et comporte de nombreuses informations médicales et historiques. Elle reconnaît avoir fait de longues recherches pour son propre combat et ses écrits. Elle confie l’écriture de son accouchement à son mari. Son récit se différencie par les illustrations monochromes. Son trait est simple, mais l’objectif de son travail n’est pas le dessin. Le scénario est quant à lui précis et très instructif. En matière d’éducation, on entend tellement tout et n'importe quoi... De vraies astuces, certes, mais souvent de fausses informations qui, parfois, peuvent avoir des conséquences importantes. A l'ère des réseaux sociaux et d'Internet, le phénomène s'est amplifié. Ces outils peuvent quand même s'avérer un bon support d'entraide quand on vit certaines situations inconnues de notre entourage. La fausse-couche, par exemple, très courante et pourtant, un sujet encore tabou. Certains témoignages sont réconfortants et (re)donnent espoir. On peut souffrir de solitude et d’incompréhensions dans le parcours pour devenir parents, et beaucoup de personnes ignorent le combat mené parfois pendant de nombreuses années. Beaucoup de lectrices pourraient se retrouver dans cette lecture. Lucy Knisley nous présente une vision intimiste et sans filtre où elle place avec justesse des mots sur les maux.