L'histoire :
Durant des millions de millénaires, les orcs qui infestent le monde se sont fait la guerre, éternellement divisés. Or un beau jour, un puissant chef de clan s’est imposé à tous, sans se faire détrôner. Il s’est auto-proclamé « l’OrcTsar » et a asservi sous sa bannière toutes les hordes d’orcs. Aujourd’hui, l’OrcTsar convoite un artéfact qui symbolisera sa toute-puissance : le gangagronche. Il obtient deux infos d’un oracle, après quoi il lui arrache la tête. Il sait désormais que l’emplacement du gangagronche est au nord et qu’il lui faut faire appel à un certain orc borgne spécialiste dans le forçage de serrures. Cet orc, « Qu’un-œil » se balade justement avec un comparse, le bien nommé « Faux Ch’ton » – pas forcément un copain – dans des contrées vallonnées, en quête de statues-coffres à forcer, pour s’emparer de leurs divers trésors. Piller, c’est leur dada, mais parfois, ils récupèrent des trucs bizarres (genre des mollusques à tentacules). Quand ils reviennent rendre des comptes à leur chef, ce dernier est furieux car ils sont bredouilles. Faux Ch’ton parvient à éviter le bourreau, en refilant de la marchandise qu’il a piqué à Qu’un Œil. Ce dernier, lui, écope alors d’une peine peu enviée : se faire trancher la gronche (la zigounette). Mais il ne compte pas vraiment se laisser faire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une séquence d’ouverture bourrine à souhait, l’auteur complet James Stokoe présente l’histoire de L’orc Stain en baseline comme « un carnage en bande dessinée »… Cette définition est somme toute fort juste, tant les planches qui s’ensuivent restent constamment explosives et dynamiques, alors même que le scénario se met au service d’une avalanche de bastons, de grabuge, de perçage de pustules, de tranchage de pines et de coulis de glaviouze… Bref, un gros délire de vacarme visuel organisé. Même les planches entièrement dénuées de dialogues (mais pas d’onomatopées) semblent bruyantes, tant elles sont chargées de détails cornus, dentus, gluants, de couleurs criantes et bariolées, dont les deux fortes tendances rouges et vertes sont à proscrire aux daltoniens. Le « gronche » – l’appareil génital orc – y est au centre de toutes les attentions : débité en tranche il sert de monnaie, le gland se cuisine (il y a la recette à la fin), et on vous menace de vous le couper à la moindre incartade. Ajoutez à cela des dialogues et des narratifs très chargés, en argot, à la vulgarité savamment recherchée (le traducteur Emmanuel Gros a eu du boulot !), et vous aurez une juste mesure de la mentalité orc : proche d’un mouvement post-punk de fantasy. On y apprend donc des injures inventives : prépuce goitreux, furoncle foireux… Si le découpage manque un peu de fluidité dans la mise en scène, la finalité narrative ne casse pas trois pattes à un mougloug. Mais les dessins de toutes ces bébêtes et de leurs chorégraphies batailleuses sont ardemment besognés et inventifs. L’œil se perd dans les détails, au sein de cases surchargées qui vandalisent tous les repères en matière d’équilibre et de cadrages. Une farouche orc idée…