L'histoire :
Année 1993. Kim, 16 ans, surnommée Skim – parce que son embonpoint permet à ses gentilles camarades une rime facile avec slim – fait le constat d’une existence parfois compliquée… Parents divorcés, père looser (selon maman), mère cynique (selon papa), malheureusement indifférents à sa vie d’adolescente. Et quelle vie ! Au lycée, Kathie Mathews s’est faite larguée par John Reddear : THE rupture du mois. Pas la peine d’en faire tout un plat ! Les cœurs noirs brisés sur le dos des mains… pfff ! Elle mérite bien sa place au club théâtre celle là... A ce propos, Mlle Archer, la prof qui étudie Shakespeare, a quelque chose d’envoûtant. Elle dit des trucs bizarres, mais elle aime les yeux de Kim, un regard de diseuse de bonne aventure. Kim se sent, elle, plutôt sorcière. Elle est adepte du wicca, où les tarots divinatoires font bon ménage avec les livres de charmes… Un matin, on apprend que l’ex de Kathie est mort. John s’est suicidé. Mme Hornet, la psychologue chargée de l’orientation, en profite pour faire le point avec Kim. Reddear était plutôt sportif et il s’est suicidé. Kim pense donc que Psy-Hornet devrait surtout se faire du mouron pour les joueuses de l’équipe de foot et ne pas se préoccuper de son penchant gothique ! Un long baiser échangé au bord de l’eau sera pour Kim le premier pas sur une longue route. L’éloignant des uns, la rapprochant des autres, de déceptions en surprises…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au départ, quelques planches dans un fanzine underground canadien attirent l’œil exercé d’un éditeur. Puis la naissance d’une création plus conséquente, au sein de laquelle les talents conjugués de Jillian et Mariko Tamaki permettent d’épaissir le récit de l’attachante Skim. L’ouvrage, véritable succès outre-Atlantique, débarque aujourd’hui en France dans l’intéressante collection Écritures de Casterman, qui fit en particulier connaitre le travail du grand Jirô Taniguchi. Les 2 cousines nous proposent ici une vision très inattendue de l’adolescence. En choisissant d’utiliser le journal intime (indispensable à la panoplie de l’ado) comme fil conducteur, les auteurs nous font rapidement souffrir de schizophrénie. On enfile sans réfléchir la peau de leur héroïne. On délaisse la carapace d’adulte pour un retour dans un monde où l’angle de vue diffère, où le recul n’existe plus, où l’on prend tout pleine face, sans comprendre. En posant un regard attendri sur ce nounours complexé, les artistes font de Kim une jeune fille qui ne se ment pas. Une ado riche d’humanité. Le trait limpide et délicat assoit parfaitement l’intimité du récit, que le noir et blanc accentue. Une histoire touchante sans racolage ou cliché, qui mérite un détour… et une suite !