L'histoire :
Brian est penché au dessus de sa visionneuse super-8. Il réfléchit à tous ses storyboards, croquis et pages de notes et se demande si cela va changer quelque chose. Son esprit est traversé par d'étranges visons : un cocon d'où semble éclore un corps encore prisonnier d'une enveloppe fibreuse, les cheveux de Laurie... Une créature, un poulpe dont la partie haute et sphérique de couleur pourpre... Mais en même temps, qu'il divague, il est un peu inquiet. Cela fait une heure que Laurie est sensée être là et il n'y a personne. C'est pas son genre pourtant : elle est toujours à l'heure. Peut-être qu'elle a oublié... ou qu'elle a trouvé autre chose de mieux à faire... Et puis ça tape à la porte. Il y a Laurie, mais aussi Tina et Jimmy. Ils ont amené des bières et des Chee-Tos. Ils sentent le joint. Il ne fait aucun doute qu'ils ont delà bu quelques bières et ils ont emmené les films qu'ils ont tourné : The Claw, Trouble with Trolls et Blood Mania. Oui mais Brian les avertit, sa mère dort...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second volet commence comme un trip avec sa première planche muette. Mais en fait, on tripe avant même la page 1. Déjà avec la couverture, Brian nu, dont on ne sait s'il chute ou s'il vole mollement... puis à l'ouverture de l'album, ce portrait en double page... Et Charles Burns nous embarque donc, comme toujours, dans une succession de scènes psychédéliques et de scènes de la vie quotidienne d'une bande d'ados. Brian et Laurie sont les personnages principaux et le garçon en pince grave pour la demoiselle, qui focalise aussi une tension sexuelle sous-tendue par l'art que créent les uns et les autres. Les portraits, au propre et au figuré, que dessine l’artiste américain s'avèrent toujours aussi fascinants. Comme toujours, le lecteur est happé et toute la narration en fait un spectateur traversé par les obsessions des personnages et des visions hallucinés. Qui a lu Charles Burns sait que, quelque soit l'histoire, c'est un voyage qui attend le lecteur et ce volume en est le parfait témoin. Car bien sûr, il y a l'incroyable mise en page et ce format «BD européenne» choisi par l'auteur chez Cornélius est idéal pour son story telling, qui passe également par l'utilisation de couleurs tellement travaillées qu'elles font ressortir... le noir de l'encrage ! Alors on conclura en vous disant que ce second volume ne peut être refermé sans avoir une pensée pour Black Hole, c'est dire si on aime Dédales...